« Nous, de la communauté internationale, nous avons été très clairs. La France, les Etats-Unis, le Canada, le Brésil...tous les pays amis d'Haïti ont dit qu'on s'en remettra aux recommandations de la Mission de l'OEA. Donc, aujourd'hui, c'est un peu l'heure de vérité », a martelé l'ambassadeur de France à Port-au-Prince, Didier Le Bret, ce jeudi, au cours d'une interview spéciale accordé à radio Magik 9. Le diplomate a démenti formellement les accusations de Ricardo Seitenfus, selon lesquelles des représentants de la communauté internationale avaient proposé le départ prématuré de René Préval. Au contraire, il ne rejette pas l'idée du 14 mai comme date pour le départ du chef de l'Etat.
Haïti: Tout le pays retient son souffle en attendant la publication du rapport de la Mission de l'OEA qui a été remis au président de la République ce jeudi. Une fuite au niveau de l'Organisation hémisphérique a permis de savoir que Mirlande Manigat et Michel Martelly auraient été recommandés par les experts pour le second tour, en raison des nombreux cas de fraudes et d'irrégularités enregistrés au cours des dernières élections. Jude Célestin, le dauphin du chef de l'Etat, a été mis hors jeu. Face à un rejet éventuel de part et d'autre du rapport de la Mission de l'OEA, l'ambassadeur de France à Port-au-Prince, Didier Le Bret, rappelle que le gouvernement haïtien, le CEP et la communauté internationale se sont mis d'accord pour respecter les recommandations des experts de l'OEA. La position de la France sur le rapport de la Mission de l'OEA est très simple, a dit M. Le Bret. « On a eu un premier tour, qui, dans l'ensemble s'est mal passé, je ne reviens pas sur les raisons (...), le président et le gouvernement dans leur grande sagesse, ont demandé une médiation. La médiation a été celle de l'Organisation des Etats américains (OEA) dont Haïti est membre et qui est au-dessus des intérêts partisans. Les termes de référence de son intervention ont fait l'objet d'un texte qui est signé par le gouvernement, le Conseil électoral provisoire et le secrétaire général de l'OEA », a rappelé le diplomate. « C'est un texte sur lequel les trois parties se sont mises d'accord. Parmi les éléments importants de ce texte, il y en avait un qui disait que cette mission pouvait procéder à des investigations poussées et qu'il devait lui être prêté assistance pour pouvoir réaliser sa mission. Sa mission, elle l'a réalisée de manière professionnelle. Ils ont pris le temps. Ils sont arrivés à une conclusion qui devrait être connue bientôt », a poursuivi Didier Le Bret répondant aux questions du journaliste Roberson Alphonse sur radio Magik 9 à l'émission Panel Magik. Le diplomate s'est empressé de souligner que les termes de référence ne disent pas que les conclusions ou les recommandations du rapport sont obligatoires. « En revanche, c'est l'Etat haïtien qui a saisi la communauté internationale. Et, lorsqu'on s'est mis d'accord sur cette mission, il y avait eu clairement de part et d'autre une compréhension logique que dans ce cas-là, nous nous remettrions aux conclusions de la mission. Sinon, ce n'est pas la peine de faire perdre son temps aux gens, de faire venir des experts qui sont là pour vous aider, une fois qu'ils vous donnent le rapport, pour leur dire finalement : Ce n'est pas le résultat qu'on attendait », a avancé M. Le Bret. « Nous, de la communauté internationale, nous avons été très clairs. La France, les Etats-Unis, le Canada, le Brésil... tous les pays amis d'Haïti ont dit qu'on s'en remettra aux recommandations de l'OEA. Donc, aujourd'hui, c'est un peu l'heure de vérité, a-t-il martelé. Vous me dites que ces recommandations c'est que Madame Manigat et M. Martelly sont au premier tour. Moi, je n'ai pas vu les conclusions officielles du rapport. Mais si c'est le cas, bon... écoutez... je crois que si on veut sortir de cette crise, il est important de s'en remettre à ces recommandations. Je crois qu'il faut aller très vite à un second tour pour sortir de cette paralysie politique. » Le président Préval, a renchéri Didier Le Bret, a eu la lourde responsabilité durant son dernier quinquennat d'amener un pays traversé pendant 15 ans par des crises à un pays stable qui avait renoué avec la croissance, une inflation maîtrisée, des investissements étrangers qui revenaient, un climat des affaires amélioré et une transition politique qui était programmée pour se faire de manière harmonieuse. Entre-temps, a-t-il souligné, il y a eu le séisme et des élections qui se sont mal passées, pas seulement du fait des acteurs politiques eux-mêmes, mais du fait que le séisme avait tout bouleversé. « Le président Préval a une responsabilité historique aujourd'hui d'amener à son terme ce mouvement, qu'il a lui-même initié, de pacification, de stabilisation de son pays vers une croissance durable, vers un développement sur le long terme, a indiqué le diplomate. Je pense que jusqu'à présent, le président Préval s'est toujours mis à la hauteur de ses responsabilités. Je n'ai pas de doute qu'il saura trouver la meilleure solution et qu'il s'en remettra à l'arbitrage international, qui est aussi, je crois, la volonté populaire. Il me semble une fois encore que le principe de la démocratie, ce n'est pas de dire aux gens : Votez ensuite on s'arrangera entre amis. » 14 mai pour laisser le pouvoir : Préval a le soutien de la France La France croit qu'il est normal pour la stabilisation du pays que René Préval reste en poste jusqu'au 14 mai. « Admettons que les résultats du premier tour soient promulgués officiellement à la fin de ce mois de janvier, a avancé Didier Le Bret. Ce n'est pas à l'OEA de promulguer les résultats, il revient au CEP qui est l'instance compétente de le faire et d'aller jusqu'au bout avec les contestations, d'intégrer les recommandations. Et, il faut au moins un mois pour avoir un deuxième tour. On voit très bien qu'on est au-delà de la date constitutionnelle du 7 février. Le second tour pourrait avoir lieu vers la fin de février. » « Il est évident, a poursuivi le diplomate, que si la dynamique électorale se poursuit, on ne va pas changer au milieu du gué de président. On a besoin d'une stabilité des institutions pour que la passation se fasse de manière harmonieuse et digne. Il n'y a aucune raison que le président sorte en cours de mandat. D'autant que son mandat légalement peut aller jusqu'au 14 mai. » Didier Le Bret continue: « Je crois que si on a un second tour fin février, mettons une promulgation des résultats définitifs en mars. Il est bien évident, en tout cas dans notre esprit, que le président sera amené à rester jusqu'au bout du processus. Cela nous paraît logique. » En revanche, a-t-il souligné, si les élections sont invalidées, si on a un processus autre, à ce moment-là, on est dans une logique qui nous échappe. « Tout peut arriver », a-t-il dit. Par ailleurs, réagissant sur les déclarations à la presse de l'ancien représentant de l'OEA en Haïti, Ricardo Seitenfus, qui avait révélé que des éléments de la communauté internationale avaient proposé le départ prématuré du chef de l'Etat après les élections du 28 novembre, Didier Le Bret a rejeté ces allégations d'un revers de main et les a qualifiées de déclarations totalement absurdes qui ne peuvent pas être prouvées. « Le secrétaire général de l'OEA l'a dit clairement, non seulement il n'y a pas de complot, notre souhait le plus cher, c'est de permettre au président Préval de terminer en beauté son mandat, qu'on puisse lui rendre le plus bel hommage que l'on lui doit, puisque c'est un quinquennat qui a été réalisé dans des conditions particulièrement difficiles », a déclaré le diplomate français lors de cette interview spéciale accordée à l'émission Panel Magik sur la radio Magik 9. Robenson Geffrard rgeffrard@lenouvelliste.com |
dimanche 16 janvier 2011
« Préval doit accepter les conclusions de la mission de l'OEA »
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