L'incertitude régnait, mercredi soir, sur d'éventuels objectifs politiques de l'ancien dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier après son retour-surprise dimanche dans le pays, où des plaintes pour crimes contre l'humanité ont été déposées à son encontre. Jean-Claude Duvalier a indiqué, mercredi, qu'il n'avait pas l'intention d'intervenir dans le processus électoral en cours en Haïti, démentant des déclarations faites plus tôt dans son entourage. "Je démens, de la manière la plus formelle qui soit, toutes déclarations politiques (...) qui me seraient imputées par un prétendu porte-parole, et faisant tout particulièrement allusion à des scénarios en relation avec le processus électoral en cours en Haïti", a déclaré Jean-Claude Duvalier dans un communiqué portant sa signature et transmis à l'AFP par sa compagne Véronique Roy.
Ces propos contredisent les déclarations de Henri-Robert Sterlin, ancien ambassadeur d'Haïti à Paris et qui faisait office de porte-parole. Sterlin avait expliqué que le retour de Baby Doc, après 25 années d'exil en France, visait à provoquer l'organisation d'une nouvelle élection présidentielle, les résultats du premier tour du 28 novembre étant contestés. "Il faut tout bouleverser pour qu'on annule les élections", a déclaré Henri-Robert Sterlin. "Et qu'après il y ait de nouvelles élections générales où monsieur Duvalier se présente. Et là, bingo" (il est élu). Un avocat de Jean-Claude Duvalier, Me Reynold Georges, avait pour sa part indiqué, mercredi matin, que l'ancien dictateur "fera(it) de la politique".
Plaintes
Au-delà du processus électoral en cours, Jean-Claude Duvalier ne précise pas dans son communiqué s'il exclut de jouer un rôle politique à l'avenir en Haïti. Il s'était borné jusqu'ici à déclarer qu'il était venu "pour aider" les Haïtiens. L'ancien dictateur, 59 ans, est tenu responsable par des organisations internationales de défense des droits de l'homme de la mort de milliers d'opposants sous sa présidence (1971-1986). Mercredi, quatre plaintes pour crimes contre l'humanité ont été déposées contre lui devant la justice haïtienne. La journaliste Michèle Montas, ancienne porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a annoncé avoir porté plainte pour "séquestration arbitraire, exil, destruction de biens privés, torture physique et morale, violation des droits civils et politiques". Baby Doc est déjà inculpé depuis mardi de corruption, détournements de fonds publics et association de malfaiteurs.
Mercredi, un autre ancien président haïtien a aussi fait parler de lui : Jean-Bertrand Aristide a dit être "prêt" à rentrer dans son pays après plus six années d'exil en Afrique du Sud. De son côté, le conseil électoral a entrouvert la porte à une révision des résultats de la présidentielle en indiquant qu'il prendrait "en considération" une révision des résultats du premier tour en fonction d'éventuelles contestations. Les résultats préliminaires annoncés début décembre ont provoqué des violences de la part des partisans du chanteur Michel Martelly, arrivé en troisième position et donc exclu du deuxième tour.
Avec 21 % des voix, Michel Martelly ne comptait que quelques milliers de voix de moins que le candidat du pouvoir, Jude Célestin (22 %), ce dernier étant donc qualifié pour affronter au deuxième tour une ancienne première dame, Mirlande Manigat, arrivée première avec 31 % des voix. Mais une mission d'enquête dépêchée par l'Organisation des États américains (OEA) a conclu que des fraudes avaient faussé les résultats et recommandé de rétrograder Jude Célestin en troisième position
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