vendredi 25 février 2011

POINT DE PRESSE DES NATIONS UNIES EN HAITI Jeudi 24 février 2011

 

UNITED NATIONS

United Nations
 Stabilization Mission
in Haïti





  MINUSTAH

 

NATIONS UNIES

Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti

POINT DE PRESSE DES NATIONS UNIES EN HAITI
Jeudi 24 février 2011


Animé par Vincenzo Pugliese, Porte-parole adjoint de la Mission, avec pour invité M. Michel Forst, Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti.

INTERVENTION DE VINCENZO PUGLIESE, PORTE PAROLE ADJOINT DE LA MINUSTAH
Bonjour à toutes et à tous et merci d’être avec nous, pour ce rendez vous hebdomadaire avec la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti. J’en profite pour saluer tous les auditeurs de MINUSTAH FM qui  nous suivent en direct sur les ondes de cette radio, sur le territoire national. Nous avons aujourd'hui l'honneur d'avoir comme invité avec nous,  M.  Michel Forst, Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Haïti, qui est en mission en Haïti depuis plusieurs jours.
Je passe immédiatement la parole à M. Forst, qui va vous exposer l’objet de sa visite.
INTERVENTION DE MICHEL FORST, EXPERT INDEPENDANT DES NATIONS UNIES SUR LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME EN HAITI


M. Michel Forst : Bonjour à tous. D’abord pardon d’avoir bousculé un peu l’horaire de la conférence de presse. Cela est dû à un changement de dernière minute d’un rendez-vous avec le président Préval qui doit se déplacer à l’extérieur du pays et qui a demandé que le rendez-vous initialement planifié pour cet après-midi soit avancé ce matin.

Je termine cette semaine, dimanche précisément, la 7e mission en Haïti, la 7e depuis que j’ai été nommé comme Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti. Et comme à chacune des missions, j’ai souhaité rencontrer la presse et les médias pour partager avec vous quelques premières observations, quelques premières recommandations ; observations qui vont être essentielles pour situer l’ossature principale du rapport que je présente le mois de juin prochain devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

Vous savez que le mandat que j’occupe concerne tous les droits de l’homme car ils sont interdépendants : les droits civils et politiques, les droits économies, sociaux et culturels. Depuis que j’ai été nommé, je n’ai cessé de plaider en Haïti pour qu’on accorde une place réglementaire aux droits économiques, sociaux et culturels car ils sont au cœur des aspirations des Haïtiens, et ce d’autant plus que le 12 janvier et le choléra ont rendu tellement plus difficile la vie que mène la population.
Lors de mes rencontres dans les camps, on me parle de logements, de besoin de travail pour nourrir la famille, de conditions permettant de soigner les enfants malades et les personnes âgées. On me dit que le cout de l’écolage ne permet pas aux enfants d’aller à l’école. On me parle de la mauvaise qualité de l’enseignement. Tout cela ce sont bien des droits économiques et sociaux qui figurent dans les déclarations universelles des droits de l’homme et qui restent encore pour beaucoup d’Haïtiens et d’Haïtiennes un rêve qui leur semble inaccessible. Il faut maintenant qu’on passe d’une logique de fourniture d’assistance humanitaire à une véritable logique d’accès aux droits. Et pourtant le rêve qu’avait brossé le Premier ministre Jean Max Bellerive lors de la conférence des donateurs, cette vision d’un pays nouveau, d’un pays de justice et de liberté ne peut rester au niveau d’un rêve au risque d’aggraver l’insécurité du pays et l’instabilité politique qui conduisent souvent au chaos et a la brutalité.

Ma mission poursuivait trois grands objectifs. D’abord faire l’évaluation de la mise en œuvre de certaines des recommandations qui figurent dans mes rapports, notamment dans le domaine de la justice, de la police et de la prison.

Deuxième objectif c’est l’évaluation de la réponse humanitaire mais prononcée en termes de droits. Quelle place a été donnée réellement aux droits de l’homme dans la réponse de la communauté internationale à la crise humanitaire ?

Troisième objectif : commencer à regarder l’avenir qui est la reconstruction en proposant au gouvernement d’Haïti et aussi aux Etats qui siègent à la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti d’inclure dans leur stratégie, dans leur plan d’action, une approche par le droit pour tenter d’infléchir les travaux de la Commission de meilleures prises en compte des droits humains.

Je ne vais pas détailler tout cela devant vous aujourd’hui ; le temps nous manque. Je voudrais simplement souligner quelques points les plus saillants et répondre ensuite, si vous en avez, à quelques-unes de vos questions.

D’abord dans le domaine de la justice, je serai bref, car je ne peux aujourd’hui que répéter ce que j’écris dans mes rapports et ce qu’écrivait Louis Joinet, mon prédécesseur, dans ces précédents rapports. Je l’ai redit au président Préval, je l’ai redit au Premier ministre, au ministre de la Justice. Tous les éléments sont là. La réforme tant attendue de la justice a été écrite. Elle a été adoptée par le Parlement lors du vote des trois lois sur la reforme de la justice, mais c’était en 2007. La loi est là, mais elle ne peut entrer en vigueur car la clé de la réforme, celle qui permet de faire tourner le moteur, n’a pas été utilisée. Vous le savez, cette clé est la nomination du Président de la Cour de Cassation, la clé de voûte de l’édifice.

Je me tourne maintenant vers les deux candidats à la présidence en leur rappelant que faire de la politique, c’est aussi envoyer des signaux à la population pour indiquer des routes à suivre et je crois que beaucoup d’Haïtiens attendent le signal du lancement de la reforme de la justice. J’attends aussi des deux candidats qu’ils se prononcent clairement sans plus tarder sur la nomination du président de la Cour de Cassation.

Je me tourne maintenant vers les deux candidats à la présidence en leur rappelant que faire de la politique c’est aussi envoyer des signaux à la population, et je crois que beaucoup attendent le signal du lancement de la réforme de la justice, il faut nommer sans plus tarder le Président de la Cour de Cassation.

Comme lors de chacune de mes visites, j’ai visité les prisons, la prison pour femmes de Pétion-Ville, la prison du Cap et là aussi je ne peux que redire ce que je disais par le passé. La surpopulation carcérale, et notamment à cause de la détention préventive prolongée, constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant, au sens de la convention contre la torture.

J’ai rencontré des prévenus, hommes et femmes, qui sont en détention préventive depuis 2005, 2006 ou 2007. Certains d’entre eux n’ont pas vu leur juge d’instruction depuis des années, ce n’est pas tolérable.

Dans le domaine des infrastructures, beaucoup a été fait par l’Etat haïtien et par la communauté internationale, et je rends un hommage tout particulier au travail du CICR en la matière. Mais beaucoup reste encore à faire pour que le pays connaisse une situation  normale, dans laquelle la prison est la privation de liberté, mais le maintien des autres droits. J’aurais également souhaité que l’on puisse partout, comme c’est le cas au Cap-Haitien, séparer les prévenus et les détenus pour éviter que la prison ne devienne l’école du crime.

Dans le domaine de la crise humanitaire, je voudrais d’abord redire toute mon admiration pour le travail qui a été fait pour répondre aux besoins immenses et aux défis posés par la succession de catastrophes auxquelles à fait face le pays. Et même si les chiffres exacts sont parfois sujets à caution, même si on peut contester les statistiques données, personne ne contestera que la réponse a été d’une ampleur et d’une qualité extraordinaire ; j’ai envie de le redire une nouvelle fois. Nous sommes maintenant dans une phase intermédiaire de la réponse humanitaire, il faudra passer à l’autre phase qui est celle de la réhabilitation et du développement.

Et à cet égard, je voudrais rappeler que ce n’est pas seulement d’assistance dont on parle, mais de droits proclamés. L’eau, le logement, l’accès aux soins ne sont pas que des services, ce sont des droits exigibles et je souhaiterais que l’on s’engage maintenant dans la voie nécessaire pour garantir que, au-delà de la crise humanitaire, ces droits seront bien garantis. J’ai rappelé à cet égard qu’il serait urgent que le Parlement ratifie le Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels, afin d’entrer progressivement dans cette nouvelle dynamique de l’accès à tous les droits, y compris les droits proclamés par ce pacte.

La situation des enfants me préoccupe beaucoup avec la multiplication des orphelinats non déclarés, les allégations de trafic ou d’adoption illégale et j’ai appelé le gouvernement à signer et ratifier sans plus tarder la Convention de la Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale.

Dans le domaine de la reconstruction, je souhaiterais, comme beaucoup de Haïtiens et Haïtiennes, que l’on se souvienne de la vision présentée par le Premier ministre lors de la conférence des donateurs en février 2010, « une société équitable, juste et solidaire où l’Etat de droit, la liberté d’association et d’expression sont établis, un pays où l’ensemble des besoins de base de la population sont satisfaits et gérés par un Etat unitaire, fort, garant de l’intérêt général, fortement déconcentré et décentralisé. ». Et je sens que beaucoup ont le sentiment que ce que fait la Commission Intérimaire n’est pas à la hauteur des besoins, beaucoup ne se sentent pas représentés, beaucoup ne comprennent pas le sens de la succession de projets présentés et dont la lisibilité et la cohérence sont difficiles à appréhender. J’ai proposé au Premier ministre et à quelques gouvernements qui siègent à la table de la commission de réfléchir sur une nouvelle approche, une approche par les droits de la reconstruction, qui pourrait refonder la stratégie et le plan d’action. De telle sorte que la population comprenne que la finalité même de la construction vise à leur garantir des droits dont ils ont été si longtemps privés.

Le deuxième signal que j’attends est celui de la lutte contre l’impunité, et je suis inquiet de voir que l’impunité des auteurs des violences contre les femmes continue d’être la règle, malgré tous les efforts déployés par les autorités et la communauté internationale pour lutter contre le phénomène. Il est choquant de voir les auteurs de viols et d’agressions sexuelles restés impunis, alors que les femmes ont porté plainte, que les auteurs sont connus, mais ne sont pas poursuivis par la justice et viennent menacer ou narguer leurs victimes.

La lutte contre l’impunité c’est aussi permettre aux victimes et familles des victimes d’obtenir réparation et c’est une manière de montrer à la population que les crimes ne resteront pas impunis, surtout lors qu’ils ont été commis par les responsables de l’application de la loi ou les agents de l’Etat. A cet égard, j’attends que s’ouvre bientôt le procès des responsables des massacres de la prison des Cayes en janvier 2010. La Commission d’Enquête internationale a remis son rapport au gouvernement il y a maintenant plusieurs mois et il faut maintenant que s’ouvre le procès. J’ai demandé au Premier ministre hier et au ministre de la Justice aujourd’hui de veiller à ce que ce procès se tienne.

La lutte contre l’impunité c’est aussi se tourner courageusement vers son passé pour affronter le regard des victimes qui attendent réparation depuis si longtemps des crimes dont ils accusent les plus hauts responsables politiques. « Torture, meurtres, exécutions, disparitions, crime contre l’humanité », tels ont été les mots prononcées à l’encontre de l’ancien président Jean-Claude Duvalier par des victimes ou des familles de victimes.

Il ne m’appartient pas de dire le droit ou de parler à la place de la Justice ; ce n’est pas mon rôle. Mais c’est mon rôle de rappeler l’exigence de justice et la nécessité de lutter contre l’impunité. Vous savez que la Haute Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies a fait une offre de service dans le dossier de Jean-Claude Duvalier, pour apporter son expertise juridique, mais aussi l’expérience d’autres pays confrontés à des situations similaires. Vous savez que le gouvernement a accepté cette proposition, qui entre maintenant dans la phase de formulation d’options à suivre.

Pour ma part, je ne souhaite pas privilégier telle ou telle option, mais simplement rappeler qu’il serait sans doute sain de n’en écarter aucune. Je souhaite d’abord que l’on examine attentivement les voies judiciaires, qu’on explore complètement toutes les possibilités du code criminel haïtien, et que l’on n’écarte pas d’un simple revers de la main les possibilités qui existent. Mais il faut aussi se tourner vers les dispositions pertinentes qui existent dans le droit international, et notamment la jurisprudence de la Cour Interaméricaine dont l’Etat haïtien fait partie. Mais, au-delà des voies judiciaires possibles, il faudra aussi aller plus loin, faire un travail de mémoire, s’inspirer des travaux de pays d’Afrique ou d’Amérique Latine avec les commissions d’établissement des faits, penser à l’éducation des plus jeunes sur les crimes du passé, et à tout ce travail sur l’avenir du pays.

Je vous remercie de votre attention et je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.

Vincenzo Pugliese : Merci infiniment M. Forst. J’ouvre maintenant la séance des questions réponses :  
Questions – Réponses

Question 1 : M. Forst ! À la liste des préoccupations et des critiques formulées contre le président René Préval, ce dernier temps, vient s’ajouter un dernier élément, c’est l’arrestation, le 7 février dernier, de plusieurs employés révoqués de l’administration publique. Parce que ces derniers ont réclamé leur réintégration au sein de l’administration publique. Vous avez été avec le président Préval ce matin. Est-ce que vous avez parlé de ce sujet et quelle a été sa réponse, et jusqu’à présent la justice ne s’est pas prononcée à ce sujet. Certains disent qu’ils sont des prisonniers politiques, quelle est votre lecture par rapport à cette question ?

Michel Forst (Expert Indépendant): Ce n’est pas une question que j’ai abordé avec le président Préval, pour être clair. Je n’ai pas abordé d’autres situations individuelles que celle de Jean Claude Duvalier. Je n’ai pas d’information particulière sur le dossier et je n’en ai reçu que des informations de seconde main. Si vous avez des informations à me  fournir sur ce dossier je les examinerai avec la plus grande intention, mais il m’est impossible de me prononcer à ce moment.

Question 2 : Vous avez des recommandations à faire au président Préval par rapport au dossier de Jean Claude Duvalier. Bien entendu, vous venez d’évoquer tout à l’heure que, les Nations Unies ont mis à la disposition de l’Etat haïtien des spécialistes autour de  cette question. Quelles sont ces recommandations ? Et  quelle a été  la réponse, l’approche du Président Préval sur ce dossier. Est-ce qu’il donne la garantie que l’Etat va abonder dans le sens qu’on dit, qu’on doit créer un tribunal spécial pour juger et faire avancer le dossier de l’ex dictateur Duvalier ?

Michel Forst (Expert Indépendant): Comme je l’ai indiqué tout à l’heure, une lettre à été envoyée par la Haut Commissaire au Président Préval, qui a répondu favorablement. Pour l’instant nous en sommes à la phase de formulation des propositions. Ce que je peux dire c’est que le Président Préval a réaffirmé ce matin son accord pour travailler avec la communauté internationale et les Nations Unies, mais pour l’instant il n’y pas de proposition concrète et moi je ne suis pas le représentant de la Haut Commissaire ; je suis l’Expert indépendant, je travaille avec les bureaux des Nations Unies, et je laisse maintenant le travail s’organiser de la manière la plus normale.

C'est-à-dire qu’il y aura ensuite des discussions avec le représentant du Président Préval pour voir de quelle manière certaines des propositions seront acceptées.  Je redis simplement ce que je souhaite : c’est que l’on n’écarte pas aucune option et que toutes les options sont à travailler en même temps. Je pense que dans la lutte contre l’impunité, il faut savoir non seulement traiter les questions sur le plan judicaire et sur le plan de la mémoire. Et j’ai indiqué de quelle manière, avec l’expérience d’autres pays, on peut avancer sur le dossier.

Question 3: Bonjour, je m’appelle Ralph Henri. Je travaille pour Alter-presse,  C’est encore sur le dossier de  Duvalier. Ces avocats parlent de prescription, ce qui signifierait que l’on ne peut pas juger réellement Monsieur maintenant, parce que la loi parlant de crime contre l’humanité a été voté postérieurement à la gouvernance de Monsieur. Est-ce cette affaire de prescription peut avoir une valeur dans le cadre du jugement de Monsieur Duvalier ?

Michel Forst (Expert Indépendant): Comme je l’ai dit, je crois qu’il faut se hâter de faire des déclarations. Souvent  les avocats font des effets d’annonce ; cela fait partie du rôle de l’avocat de savoir défendre, d’anticiper sur d’éventuels arguments de l’adversaire. Pour ma part, je ne vais pas me prononcer sur cette question là. J’ai publié il y a quelques semaines un communiqué de presse dans lequel  je rappelais que les crimes contre l’humanité  et d’autres crimes sont imprescriptibles, mais je ne souhaite pas rentrer dans un argument juridique. Je laisse maintenant les experts mandatés par le Haut Commissariat avancer sur la question à coté de l’équipe mise en place par le président Préval.



Question 4: A maintes reprises vous avez demandé et exigé la mise en place du Conseil supérieur du Pouvoir judicaire, ce n’est pas fait, le président Préval  n’a pas entendu vos recommandations ou tout simplement il n’a pas tenu compte de ces recommandations. Maintenant vous êtes dans le pays. Vous lui avez parlé de ce sujet. Qu’est ce qu’il vous a dit ? Est-ce que c’est parce que cela ne l’intéresse pas ? Comment il aborde cette question ?

Michel Forst (Expert Indépendant): Bon, il ne m’appartient pas de révéler le secret des discussions que je peux avoir sur certains sujets à tout le monde. Depuis que la demande lui a été faite en 2007, 2008, 2009, 2010, il n’a pas voulu le faire et il a avancé des arguments, certains sont des arguments d’opportunités, d’autres, des arguments sur le plan  juridique. Nous avons la question de la validité de la nomination des membres de la Cour de cassation, des arguments sur lesquels nous pouvons discuter, mais la réalité est là. A l’heure actuelle, à la fin de son mandat, il n’y a toujours pas de président pour cette Cour ; c’est la raison pour laquelle j’ai appelé les deux candidats, quel que soit le résultat des élections, à prendre rapidement des engagements pour faire en sorte que le moteur de la justice puisse enfin démarrer avec la nomination du président de la Cour de cassation, qui est également le président du Conseil supérieur du Pouvoir judicaire, et donc celui qui permet de garantir l’indépendance du pouvoir judicaire  par rapport au pouvoir exécutif.

Question 5 : Monsieur Forst, est ce que vous jugez que depuis votre précédente mission en Haïti, la situation des personnes vivant dans les camps s’est améliorée ou pas ?

Michel Forst (Expert Indépendant): Ecoutez. Ceux que j’ai rencontré ne m’ont pas dit que la situation s’est améliorée. Certains ont parlé de dégradation dans les camps, mais je ne crois pas qu’il y a une appréciation que l’on peut faire d’une manière générale sur l’ensemble des camps.

Je n’ai pas vu tous les camps. J’ai vu quelques camps informels, j’ai vu aussi des camps formels, j’ai parlé aux camps managers, j’ai parlé avec les comités, j’ai rencontré des  familles, et je me garderais bien de porter  une opinion  générale sur la situation de l’ensemble des camps.

J’ai eu comme vous les chiffres qui avaient été avancés par la MINUSTAH sur la diminution importante du nombre des personnes vivant dans les camps, les personnes déplacées. Je n’ai pas de manière de vérifier si les chiffres sont valides. Beaucoup de questions ont été posées par d’autres sur ces chiffres là, mais il m’est difficile dans une mission d’une semaine de porter une appréciation sur l’ensemble du pays, sachant qu’on avait un million trois cent mille personnes déplacées et, selon on a annoncé récemment, les chiffres étaient tombés à quelque huit cent dix mille. 


Vincenzo Pugliese, Porte Parole adjoint (MINUSTAH) : Est-ce que vous avez des questions pour la MINUSTAH ?

Question 6: Il y a eu des échanges de tirs hier soir dans la zone de Cazeau, près d’un contingent militaire de la MINUSTAH.  Qu’est-ce qui s’est passé ?

Vincenzo Pugliese (MINUSTAH) : Oui, hier soir vers 10 heures 15, un groupe d’hommes armées a ouvert le feu sur le camp des jordaniens à Cazeau. Les militaires jordaniens ont riposté et les échanges de tirs ont duré une vingtaine de minutes. Les hommes armés ont pris la fuite par la suite, mais il n’y a pas eu ni morts ni de blessés. Une enquête est ouverte, donc, aussitôt qu’on aura plus d’informations on les partagera avec vous.

Question 7 : Mais on parle d’un mort à Sarte ?

Vincenzo Pugliese (MINUSTAH) : Cette information ne m’est pas parvenue. J’ai consulté avec les militaires et avec la Police des Nations Unies  et on n’a pas eu cette information.

Question 8: Est-ce qu’il y avait des échanges de tirs avec les soldats jordaniens, parce que selon le témoignage des personnes habitant la zone,  il  y a eu des tirs provenant seulement du camp jordaniens ?

Vincenzo Pugliese (MINUSTAH) : Je ne crois pas que les jordaniens vont tirer sans avoir une raison.  Eliane tu veux ajouter quelque chose ?

Eliana Nabaa (MINUSTAH) : La force militaire vient de nous donner des précisions maintenant. Il semble qu’il y avait des bandits ou des gangsters qui pourchassaient  quelqu’un qui était dans une voiture des Nations Unies et qui est un fonctionnaire haïtien. Il était  pourchassé par des gangsters et dans sa fuite il est tombé sur le camp des soldats jordaniens et  a essayé de s’y refugier. C’est à ce moment là que les bandits ont tiré sur le camp jordanien, mais en visant particulièrement le Monsieur.  Les  jordaniens ont ensuite riposté et les gangsters se sont éloignés. Voilà en fait une dernière précision que l’on vient d’avoir de nos collègues militaires.

Question 9: Vos collègues ne vous on pas dit qu’il y avait des morts ou des blessés ?

Eliana Nabaa (MINUSTAH) : Nos collègues nous ont dit qu’il n’y a eu ni morts ni blessés. Les assaillants ont disparus, et comme a dit Vincenzo, une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes. Il n’y a ni morts ni blessés, ce sont des bandits qui pourchassaient quelqu’un, ce ne sont pas les soldats jordaniens qui ont tiré unilatéralement en l’air. Merci, j’espère que c’est clair. Je redonne la parole à Vincenzo.

Question 10 : Quelles sont les dispositions sécuritaires pour le deuxième tour qui ont été prises par la MINUSTAH en appui à la PNH ?

Vincenzo Pugliese (MINUSTAH) : Comme vous le savez,  comme cela a été le cas  pour le premier tour, il y a une évaluation sécuritaire qui se fait dans tous les centres de votes du pays pour  déterminer le niveau de risque de chacun de ces centres. Ce travail donne lieu à des classifications de centres rouges, verts, ou oranges, suivant leur situation sécuritaire, mais aussi la distance de ces centres des BECS ou des BEDS régionaux, parce que du point de vue logistique il faut également livrer le matériel électoral  sensible et non sensible et le collecter à la suite de la journée électorale. Donc, tout cela, fait partie de l’évaluation sécuritaire.  Cette évaluation sécuritaire a déjà commencé. De toute façon, si le porte-parole de l’UNPol a quelque chose à ajouter je lui laisse la parole. Pour le moment, comme pour le premier tour, la MINUSTAH s’assure que toutes les dispositions sécuritaires sont en place en appui à la PNH par les composantes UNPol et militaire de la Mission.

Jean François Vezina, Porte Parole de la police (MINUSTAH) : Pour répondre spécifiquement à cette question, comme on l’a  fait lors du premier tour électoral, on va procéder un peu de la même façon. C’est-à-dire, comme Vincenzo l’expliquait, c’est toujours une réévaluation des centres de votes en fonction du recul qu’on a pris suite au premier tour électoral. Certains centres de votes ont vécu des problèmes, donc on a réévalué ces centres de vote là.

La réévaluation se fait toujours en compagnie des mêmes intervenants, c'est-à-dire en compagnie des gens du BED, des gens  du BEC, des gens de la composante militaire, policière et des gens de la PNH. Donc, c’est ce qui concerne l’évaluation sécuritaire entourant les centres de vote.

Par la suite, dès la semaine prochaine, on va commencer par distribuer le matériel non sensible dans les régions et on va avancer vers la journée électorale, le 20 mars, où il y aura une distribution du matériel sensible et le déploiement des effectifs. A ce moment là, on vous informera semaine aprèssemaine du déploiement de nos troupes sur le terrain.

En regard des événements du premier tour, il y a eu un recul, on a réévalué ce qui était bien fait, moins bien, et on va tenter d’ajuster notre sécurité en fonction des problèmes qui ont été soulevés. Par contre, au niveau de l’augmentation des troupes, je peux parler de la composante policière. Actuellement, il y a un mouvement de troupes, c'est-à-dire des gens qui quittent la Mission et des gens qui arrivent, et on n’aura pas une augmentation significative à ce niveau là.

On va avoir entre 3000 et 3500 policiers qui pourront assurer la sécurité lors du deuxième tour  électoral. Et comme je vous l’ai expliqué, dans les semaines à venir, on vous donnera un compte rendu un peu plus précis sur les activités en terme de sécurité entourant la période électorale.

Vincenzo Pugliese (MINUSTAH) : Donc on clôture le point de presse d’aujourd’hui. Merci d’être venu on se voit jeudi prochain.





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Contacts media:


Porte-parole: Sylvie van den Wildenberg - +509 3702 9042 vandenwildenberg@un.org
Porte-parole adjoint: Vincenzo Pugliese - +509 3702 6710 pugliesev@un.org
Accréditations/Relations media: Pierre Lamy - 3702 6709; Farah Adrien - 3702 6522 adrienf@un.org; Judith Macaya - 38659344 josephj@un.org
SITE WEB MINUSTAH: http://www.minustah.org




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