jeudi 3 février 2011

Mirlande Manigat: une ex-Première dame au seuil de la présidence d'Haïti




Haïti: Mirlande Manigat, dont la présence au second tour de la présidentielle haïtienne a été confirmée jeudi, est une ex-Première dame qui a vécu 13 ans en France. Cette intellectuelle promet de rompre avec la corruption et demande le départ progressif des soldats de l'ONU.

Diplômée de la Sorbonne et de Sciences-Po Paris, Mirlande Manigat, 70 ans, est une enseignante de carrière, auteur de plusieurs ouvrages consacrés au droit constitutionnel et aux sciences politiques, mais sans grande expérience politique.

Elue sénatrice en 1988 à la faveur de l'élection à la présidence de son mari Leslie Manigat, l'ancienne Première dame n'a fait qu'une courte expérience de quelques mois au Parlement avant le renversement de M. Manigat par l'armée. Elue à nouveau en 2006 au Sénat, elle renonce à siéger à la demande de son mari, candidat malheureux à l'élection présidentielle qui a sacré René Préval.

Jusqu'à la campagne des derniers mois, elle avait toujours vécu dans l'ombre de son mari, se consacrant à l'enseignement pour devenir vice-rectrice d'une université privée en Haïti.

Pendant sa campagne, elle a refusé de faire des promesses irréalisables, mais s'est fixé deux objectifs prioritaires: s'attaquer au choléra en offrant un meilleur accès à l'eau à la population et sortir de leur campement de fortune les centaines de milliers de sinistrés qui ont été jetés à la rue par le séisme de janvier 2010.

Elle a aussi demandé "un changement radical d'attitude de la part de gouvernants incapables et corrompus" et a fait de l'éducation un de ses chevaux de bataille. "Je suis particulièrement préoccupée par les jeunes qui sont désoeuvrés et deviennent une proie facile pour toutes sortes de tentations. Notre jeunesse est en train de se gaspiller et l'Etat ne fait rien", dit-elle sur le site internet du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes sous la bannière duquel elle s'est présentée à la présidentielle.

Si elle est élue, Mme Manigat demandera aussi le départ progressif de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), qu'elle a qualifiée de "force d'occupation" lors d'un entretien à l'AFP.

Cette petite femme calme, qui a l'habitude de se lever à 04H00, a bénéficié de la sympathie des organisations féminines qui voudraient voir pour la première fois une femme élue à la présidence.

"Je déteste le mensonge et l'hypocrisie; je ne crois pas avoir fait du mal à qui que ce soit et je m'efforce de ne pas blesser, humilier", a-t-elle affiché en guise de profession de foi sur sa page Facebook de campagne, reconnaissant quelques défauts: "impatience devant la bêtise humaine, maniaque de l'exactitude".

Pragmatique, se présentant comme une légaliste attachée à la constitution, elle a promis de travailler avec l'opposition.

"Je suis consciente des difficultés de gouverner ce pays à un moment si difficile", a-t-elle reconnu, un an après le séisme qui a tué 250.000 personnes.

A trois jours du premier tour, elle avait demandé à ses partisans réunis à Port-au-Prince de se préparer à "défendre" leur vote. Toute de blanc vêtue, elle leur avait lancé en créole: "La prochaine fois que je viendrai, ce ne sera pas comme candidate mais comme présidente".

L'ex-Première Dame, qui a vécu plusieurs années au Venezuela, reste proche de la France. "J'ai conservé avec la France des liens très forts, j'ai vécu 13 ans à Paris, je me suis mariée à Meudon (banlieue parisienne). En France, j'ai connu le meilleur", avait-elle dit à l'AFP.

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