jeudi 10 février 2011

Assassinat d'un journaliste


Haïti: Un BBM de Lady K cite Alerte Haïti : "Deux hommes viennent d'être tués par balle à l'angle des rues Capois et Romain. L'un d'eux est un journaliste de Radio Kiskeya ". Stupeur. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et plusieurs journalistes, désarçonnés, laissent à la hâte la conférence de presse donnée par la ministre de la Culture et de la Communication, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, et cinq maires, dont celui de la capitale, sur les préparatifs du carnaval « Selebre Lavi », mercredi 9 février 2011, un peu après 12h. Une questionne trotte dans les têtes : C'est qui ? « C'est Jean-Richard Louis Charles », confirme une travailleuse de la presse suspendue au téléphone, déjà installée sur le siège avant d'un pick-up qui démarre en trombe vers "la scène de crime" envahie par des écoliers, des curieux et des policiers. 


Inconsolable, le visage inondé de larmes, Beethoven François Fils, coprésentateur du journal de six heures du matin sur Kiskeya « Nouvèl la sou ray » avec Jean-Richard, n'en revient pas. Le corps sans vie de son ami gît sur le ventre sur l'asphalte chaude, un point d'impact au pariétal droit et un orifice béant laissant jaillir du sang mêlé à de la cervelle à quelques centimètres de sa nuque.

« Jean-Richard avait 29 ans. Il laisse deux enfants, dont un en bas âge », raconte en sanglots Beethoven François Fils, en face du cadavre de son confrère, à quatre pas du macchabée d'un jeune homme, « le tueur du journaliste », confie un policier sous couvert de l'anonymat. « Un pistolet neuf millimètres de marque Luger a été retrouvé en possession de ce dernier, un acte de naissance et une matricule fiscale au nom de Jean Wilner Duperval, ajoute le policier.»

« Je me suis précipité sur le trottoir quand j'ai entendu des coups de feu et je me suis planqué. Je n'ai pas vu de tireur, j'ai seulement vu un homme en civile avec un révolver 38 s'avancer vers ce cadavre. Du pied, ce monsieur a écarté un pistolet neuf millimètres qui était près du corps sans vie. Je ne peux pas dire si c'est celui qu'on a tué qui a abattu le journaliste », explique un témoin, chemise blanche à manches courtes, qui fait la gueule parce qu'un de ses pneus s'est abîmé pendant qu'il se mettait à couvert au moment de la fusillade.

Si les déclarations du témoin sont floues sur des détails importants, le porte-parole adjoint de la PNH, Gary Desrosiers, confirme que c'est un policier qui était dans les parages qui a abattu le tueur du journaliste dont le cadavre a été acheminé à la morgue de l'Hôpital général à 13 heures 22.

Consternation à Radio Kiskeya  

Le 88.5 Mhz diffuse de la musique classique. La salle des nouvelles est bondée de journalistes venus supporter leurs confrères de Kiskeya. Liliane Pierre-Paul, présentatrice vedette du « Jounal 4 è », visiblement sous le choc en recevant la ministre de la Culture et de la Communication,Marie Laurence Jocelyn Lassègue, décline les demandes d'interviews. « Je suis incapable de donner des interviews; j'espère que vous me comprenez », explique la journaliste senior qui informe toutefois qu'un communiqué sera posté sur le site internet de la radio.

« C'est avec consternation et une profonde tristesse que toute l'équipe de Radio Kiskeya a appris le meurtre perpétré ce 9 février, à la rue Capois, sur la personne de l'un des fils de la station, le journaliste-reporter et présentateur Jean-Richard Louis Charles », indique un communiqué signé de la direction et du personnel.

« Selon les premières informations, Jean-Richard Louis Charles a été abattu par un individu pour des raisons qu'il incombe à la police et à la justice d'établir », poursuit le communiqué qui évoque une collaboration de près de six ans entre la victime, un « journaliste ayant de grands potentiels » et la radio de la rue Villemenay.

« Tout en présentant leurs plus sincères sympathies aux deux filles de Jean-Richard, Cynthia et Shelsy, à sa compagne et à ses parents et amis, la Direction et le personnel de Radio Kiskeya exigent que toute la lumière soit faite sur ce crime et que l'enquête ne se poursuive pas éternellement », ajoute le communiqué.

L'AJH, consternée, s'interroge

« L'AJH est consternée. Mais plus encore, elle se demande comment, en plein jour et à une heure de pointe, l'on a pu tuer le journaliste Jean-Richard Louis Charles à la rue Capois, non loin du commissariat de Port-au-Prince, du ministère de l'Education nationale et de l'ambassade de France », se demande le secrétaire général de l'AJH,Jacques Desrosiers. « La justice doit déterminer le mobile de ce meurtre, rechercher et punir les auteurs », ajoute Jacques Desrosiers, qui présente ses sympathies à la famille éplorée et à la corporation choquée par ce drame.

SOS Journalistes, le même tempo

« Consternation et condamnation de ce meurtre crapuleux. J'attends que la justice fasse son travail en vue de rechercher, trouver et punir les auteurs de cet acte », confie Joseph C. Guyler Delva, journaliste senior, responsable de SOS Journalistes.

Les journalistes ont vécu une période de détente sous l'administration de René Préval. Il n'y a pas eu de menaces ou d'attaques contre l'intégrité physique des journalistes orchestrés par un appareil d'Etat, reconnaît nombre travailleurs de la presse. Mais, comme d'autres citoyens, ils sont exposés à la machine infernale et aveugle de l'insécurité.
Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
roberson¬_alphonse@yahoo.com

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