lundi 24 janvier 2011

Le “grand jeu” face au “jeu des grands” : annulation de la présidentielle ou de l’ensemble du scrutin ?



lundi 24 janvier 2011,

Dans divers milieux dimanche soir, il a été donné pour certain que l’Exécutif envisagerait d’annuler la présidentielle du 28 novembre 2010.
Ce serait la réponse aux fortes pressions de l’internationale pour que soit entériné le rapport de l’OEA en faveur de Mirlande Manigat et Michel Martelly au second tour.
Ce serait aussi, dit-on, la meilleure formule de faire échec au moins à l’un de ces 2 candidats, qui donnerait déjà des sueurs froides à plus d’uns, ici comme ailleurs. Un de ces 2 candidats dont il faudrait coûte que coûte interrompre la percée fulgurante.
Un tel scénario, s’il se confirmait, remettrait-il le compteur à zéro et offrirait-il une seconde chance au poulain du chef de l’État, Jude Célestin, au grand dam de l’OEA et de l’étranger couramment appelé “Blanc” ?
Mais, compte tenu de l’échéance du 7 février 2011, et même de celle du 14 mai 2011 que s’est délibérément attribué René Préval, un tel scrutin se tiendrait quand ? Il serait organisé par quel CEP et sous l’obédience de quel chef d’Etat ? Car, et le chef de l’Etat et le CEP-Gaillot ne jouissent plus d’aucun crédit auprès de la classe politique et, encore moins, auprès de la majorité de la population. En témoigne l’hostilité au candidat officiel relevée dans les suffrages exprimés lors des dernières élections controversées.
Sera-t-il possible d’annuler la présidentielle et de maintenir les législatives ? La question se pose, autant qu’on se demandait si on peut sauver la présidentielle et garder telles quelles les législatives, selon la formule de l’OEA. A ce propos, il faut noter que des candidats aux législatives, pas très nombreux certes, ont manifesté dimanche à Port-au-Prince en faveur de l’annulation des élections.
L’annulation de l’ensemble du scrutin du 28 novembre ne paraît certes pas des plus faciles. Au cas où ce serait l’option, il faudrait s’attendre à l’opposition farouche de ceux qui, à tort ou à raison, se croient en position de gagner et de ceux qui, au sein de l’Internationale, veulent à tout prix « sauver » ces élections, et sauver la face. Ces derniers n’hésitent pas à exercer toutes sortes de pression et font injonction haut et fort au chef de l’Etat pour qu’il accepte d’organiser un second tour avec Mme Manigat et Michel Martelly, sous peine de se voir couper les vivres ou de devoir tout seul se démerder avec les questions de sécurité en cas de « leve kanpe ».
Le film auquel on assiste offre à l’analyse deux faits significatifs :
1- Le refus carabiné de l’Exécutif d’envisager une solution nationale à la crise postélectorale. Outre l’appel de l’Exécutif à l’OEA quand la crise venait d’éclater, la dernière visite de samedi du chef de l’État et du Premier ministre à Santo-Domingo, sans aucune annonce publique préalable, en dit long sur le “mépris” du national dans les approches visant à sortir de l’impasse. On n’est pas au courant que les sénateurs encore en fonction aient été consultés, même le groupe qui a sollicité une rencontre avec le président, voire les dirigeants politiques, les candidats les plus en vue et la société civile organisée. L’équipe dirigeante croit-elle pouvoir toute seule faire face aux pressions internationales ? Croit-elle disposer de la solution ?
2- La passivité apparente et le “laisser-faire” de Mme Mirlande Manigat, ‘’favorite’’ et caution démocratique des élections, offre le champ libre à l’étranger et à l’Exécutif-INITE pour qu’ils décident à leur gré de l’issue de la crise. Le “devan-devan nèt” obnubilerait-il “Madame” à un point tel qu’elle ne se rend pas compte du risque que la proie qu’elle croit déjà tenir si fermement disparaisse au dernier moment de son champ visuel et que, de ce fait, sa crédibilité s’effrite de jour en jour. Un certain engagement de sa part eut rendu moins aisées les initiatives des uns et des autres. Vu la caution qu’elle représente, en dépit du faux pas historique du 29 novembre (le revirement spectaculaire concernant l’appel à l’annulation des élections), c’est elle qui aurait pu alors influencer les événements.
Tout compte fait, René Préval semble jouer son va-tout. Se rend-il compte de la complexité de la situation, de l’étroitesse croissante de sa marge de manœuvre et des risques qu’il court et qu’il fait courir au pays au moment où la situation politique se complique avec la présence de l’ex-dictateur Jean Claude Duvalier propulsé dans le milieu ?
Marvel DANDIN

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