vendredi 14 janvier 2011

Drogue/Affaire de Tiburon : le sénateur Joseph Lambert contre-attaque


Le juge d’instruction et un député dans la ligne de mire du président du Sénat
mercredi 26 septembre 2007,
Le sénateur Joseph Lambert, président du Sénat haïtien, a solennellement rejeté mardi les allégations selon lesquelles il serait le propriétaire d’un navire impliqué dans le trafic illicite des stupéfiants au début du mois à Tiburon (extrême pointe Sud d’Haïti).
Profitant d’une rencontre entre la commission justice et sécurité du Sénat avec le ministre de l’intérieur, Paul Antoine Bien-Aimé, le ministre de la justice, René Magloire et le secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Luc Eucher Joseph, le premier sénateur du Sud-Est a assuré sa défense en exhibant un bordereau de douane et des documents, tels manifestes et pièces d’enregistrement du navire à Miami, pour établir le fait que le bateau appartient plutôt au nommé Joseph Jean Pierre appréhendé dans le cadre de l’affaire.
Au cours de ce qui a paru comme une plaidoirie au Temple de Thémis, Joseph Lambert a exhibé la copie de la carte d’identité de Joseph Jean Pierre. Par la suite, sans révéler la façon dont il a mené sa propre enquête, il a fait visionner à l’assistance un disque vidéo digital (DVD) de l’interrogatoire des prévenus dans le cadre de cette affaire dans lequel Jean Pierre assure être propriétaire du bateau.
Il a également fait auditionner une bande sonore dans laquelle Jean Délouis Félix, un député de son département et de la même plate-forme politique que lui (LESPWA), l’identifiait comme le propriétaire du bateau
Pour Joseph Lambert muet jusqu’à ce mardi sur le dossier de Tiburon, les accusations portées contre lui constituent une véritable tentative d’assassinat politique contre sa personne. Il s’en est pris, de façon virulente, au juge d’instruction des Côteaux (Sud), Jacques Saint-Jean qui, dit-il, a délibérément falsifié la déposition des prévenus pour l’impliquer, lui, dans l’affaire. Il a tout aussi bien fustigé Jean Délouis Félix qui avait affirmé avoir personnellement lu le rapport du juge d’instruction citant nommément Lambert comme le propriétaire du bateau.
Lambert exige que le parlementaire présente des excuses publiques, ajoutant qu’il va intenter une action en dommages intérêts, notamment contre le juge d’instruction. Il justifie une telle décision par le fait que, dit-il, son père est récemment décédé en raison de ce dossier.
Intervenant suite à la plaidoirie du président du Sénat haïtien, le ministre de l’intérieur, Paul Antoine Bien-Aimé et le secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Luc Eucher Joseph, ont affirmé ne pas disposer d’informations sur l’affaire de Tiburon, en dépit du fait que le ministère de l’intérieur y avait dépêché une mission. Luc Eucher Joseph a abondé dans le même sens, ajoutant pour sa part que la Garde-Côtière d’Haïti, qui devrait pouvoir mener des enquêtes ne dispose pas de moyens pour y parvenir.

En définitive, le ministre de la justice, René Magloire, a annoncé sa décision de porter plainte contre le juge par-devant le Conseil supérieur de la magistrature, en raison de sa mauvaise gestion du dossier. D’abord, Me Jacques Saint-Jean n’aurait pas dû lui adresser un rapport sur le dossier, le juge d’instruction n’ayant à entreprendre aucune démarche de ce type en raison de l’indépendance du judiciaire par rapport à l’Exécutif. Le principe du secret de l’instruction est également violé par le fait que, précise Magloire, le juge a divulgué dans la presse des éléments recueillis dans le cadre de l’instruction de l’affaire
Le ministre croit toutefois que, quant au fond de l’affaire, c’est à la justice qu’il revient de se prononcer.
Interrogé sur la demande d’excuses publiques formulée par Lambert, le député Jean Délouis Félix a répondu par un non catégorique, précisant que c’est plutôt au juge d’instruction que Lambert devrait s’en prendre. Il précise à ce sujet n’avoir fait autre chose que prendre lecture du rapport adressé par le juge au ministre de la justice. [jmd/RK]

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