lundi 17 janvier 2011

Haïti : La France n'a pas été informée du retour de Jean-Claude Duvalier, selon le Quai d'Orsay


lundi 17 janvier 2011 à 08:49

Le gouvernement français n'était pas informé, à aucun moment de la durée, du retour de l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier en Haïti ce 16 janvier, a rapporté lundi un porte-parole du Quai d'Orsay.

Toutefois, La France, qui a accueilli l'ex-dictateur pendant son exil, espère que ce retour controversé ne compromettra pas le processus politique en cours en Haïti.

« La venue de Jean-Claude Duvalier en Haïti ne doit pas détourner les autorités et les acteurs politiques haïtiens du processus électoral en cours », a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

L'ancien homme fort d'Haïti qui a passé 25 ans en exil doit expliquer aujourd'hui les raisons de son voyage à Port-au-Prince qui, déjà,  suscite de l'étonnement et des appels à le traduire en justice.

Jean-Claude Duvalier est arrivé dans l'après-midi du dimanche à Port-au-Prince à bord d'un vol Air France. A sa descente d'avion, il a déclaré être « venu pour aider » le peuple haïtien.  Accompagné de sa femme, Véronique Roy, M. Duvalier s'est par la suite rendu dans un hôpital de la capitale à bord d'un 4×4.

Pierre Espérance du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), plaide pour que l'ex-dictateur soit jugé.

« Duvalier doit se préparer à répondre devant la justice des nombreux crimes et des vols qu'il a commis durant son règne (1971-1986) », a déclaré Pierre Espérance sur Radio Vision 2000.

Amnistie internationale a, quant à elle, appelé les autorités haïtiennes à traduire Baby Doc en justice pour les crimes qu'il a commis dans le pays.

« Les violations des droits de l'homme, généralisées et systématiques, commises à Haïti durant le règne de Duvalier, représentent des crimes contre l'humanité. Haïti a l'obligation de le poursuivre, ainsi que tous les responsables de ce genre de crimes », a indiqué Javier Zuñiga, conseiller spécial de l'organisation des droits de la personne basée à Londres.

« Les autorités haïtiennes doivent rompre le cycle d'impunité qui a prévalu pendant des décennies à Haïti. Ne pas traduire les responsables devant la justice ne fera que provoquer d'autres violations des droits de l'homme », poursuit M. Javier Zuñiga.

Amnistie internationale a rappelé que durant les  15 ans de Jean-Claude Duvalier au pouvoir, la torture systématique et les autres mauvais traitements étaient largement répandus dans tout le pays.

« Des centaines de personnes ont disparu ou ont été exécutées. Les membres des forces armées et la milice, également connue sous le nom de tontons macoutes, ont joué un rôle primordial dans la répression des militants pro-démocratie et des droits de l'homme », a ajouté l'organisme de droits humains.

De son côté, le premier ministre Jean-Max Bellerive, cité par la presse internationale, estime qu'en tant qu'Haïtien, Jean-Claude Duvalier avait le droit de retourner dans son pays.

« Pourvu que sa présence ne vienne pas compliquer une situation politique déjà tendue », a déclaré le chef du gouvernement haïtien.
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