DECEMBRE 2010
12/14/2010
NDLR. Les Nouvelles NTS NEWS ont reçu de l'ex-Senatuer d'Haiti, Thomas E. Dupiton, une lettre adressée aux membres de la Commission des Affaires Etrangères du Congrès Américain. Nos Editeurs se reservent le droit de ne pas donner accès à des milliers d'internautes qui en ont fait leur demande par courriels et Face Book.. Avec les conditions précaires d'Haiti, il a été décidé de publier la lettre de l'ex-Sénateur Thomas E. Dupiton qui assume toute responsabilité de la teneur de sa correspondance. . JD/SS/JB/BB.
New York, le 13 décembre 2010
Aux membres de la Cmmission des Affaires Etrangères du Congrès
Objet : Formation d’un conseil d’Etat
Honorables parlementaires,
En ma double qualité de citoyen haïtien et de parlementaire rompu aux négociations politiques, je crois opportun d’attirer votre attention sur les malheureux événements qui se déroulent dans mon pays depuis la publication des résultats controversés des élections du 28 novembre dernier.
Il y aurait évidemment beaucoup à dire au sujet de ces opérations électorales. Faut-il rappeler ici que ces opérations ont été non seulement financées, mais également organisées d’un bout à l’autre par la communauté internationale. Nonobstant les erreurs manifestes des responsables haïtiens, l’échec patent de ces élections doit aussi être imputé à tous ces experts qui ont défilé à Port-au-Prince. En fait, une telle mascarade peut difficilement être appelée élection. Pourtant, le problème me parait se situer ailleurs. Trop longtemps, en effet, le peuple haïtien a attendu.
Trop longtemps mes compatriotes ont attendu que la démocratie leur soit enfin apportée, une démocratie qui leur permettrait d’entrevoir une solution à leurs problèmes séculaires. Les Haïtiens attendent encore aujourd’hui sous les décombres du séisme du 12 janvier ; ils attendent, cloués sur leurs lits d’hôpitaux improvisés, tandis qu’on enterre à la va vite leurs parents et amis victimes du cholera.
Je fais partie, vous le savez sans doute, de ce groupe de parlementaires qui, sous l’égide de l’OEA, puis de l’ONU, ont participé aux négociations consécutives au coup d’Etat de 1991. Malheureusement, à l’époque, je n’ai pas pu rallier les émissaires du Président Clinton à mon point de vue, et les négociations ont été conduites de manière unilatérale. L’opération Restaure Hope a bien eu lieu, mais un seul secteur en a profité : celui qui est au pouvoir depuis lors en Haïti. C’est ce secteur que le peuple haïtien, reconnaissant ses erreurs des vingt dernières années, entend mettre de côté aujourd’hui. Et à mon sens, il serait temps que la partie américaine – qui a joué un rôle de premier plan dans le retour d’Aristide en Haïti -- reconnaisse ses propres erreurs en appuyant notre proposition de sortie de crise.
La présente démarche s’inscrit dans la nécessité de trouver une solution urgente et définitive à un problème qui n’est absolument pas nouveau. Si les foules manifestent si bruyamment et si violemment dans les rues aujourd’hui, compromettant dangereusement l’avenir d’un pays aux moyens déjà précaires, ce n’est point uniquement, à mon sens, en raison des élections frauduleuses du 28 novembre. Il faut surtout voir dans ces troubles le prolongement d’un état d’insatisfaction qui remonte pour le moins au 29 février 2004.
Bien évidemment, je suis un démocrate, un non violent, et à ce compte, je suis absolument contre la tabula rasa. En d’autres termes, je m’inscris en faux contre ceux qui préconisent le départ anticipé du président Préval. A moins de deux mois de son échéance constitutionnelle, un tel départ ne ferait que créer un vide difficile à combler et augmenterait la confusion qui sévit au pays depuis une semaine. Par contre nous proposons la mise sur pied d’un conseil d’Etat de sept membres appelés à superviser toutes les actions de l’actuel gouvernement. Il s’agirait de personnalités haïtiennes reconnues pour leur honnêteté, leur compétence et leur patriotisme.
Je me tiens à votre entière disposition pour tous détails relatifs à cette proposition, et je vous renouvelle, Honorables Congressmen, l’assurance de ma haute considération.
Thomas Eddy Dupiton natdpro@msn.com
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