mercredi 29 décembre 2010

Haïti: Quand Latortue dénonce la coopération internationale



 
 
Le Premier ministre Gérard Latortue au cours d'une intervention à la Primature.
  
 
 
Le Premier ministre Gérard Latortue posant avec le Secrétaire général de l'ONU, Kofi A. Annan au quartier général des Nations Unies le 7 juin 2005
  
« Contribution d'Haïti à la Réforme des Nations Unies et sa participation au Sommet mondial 2005 » est le thème d'un symposium réalisé à Port-au-Prince ce jeudi 8 septembre 2005, à l'hôtel Montana, avec la participation du Premier ministre Gérard Latortue et de plusieurs membres de son gouvernement ; du Coordonnateur résident des Nations Unies en Haïti, Adama Guindo ; de représentants de la classe politique et de la société civile de Port-au-Prince et du secteur des affaires.

Au cours de ce symposium tenu en présence de représentants de nombreux organismes de coopération internationale, le Premier ministre Gérard Latortue a dénoncé l'aide internationale accordée par les bailleurs de fonds aux pays en voie de développement dont Haïti. Fort souvent, dit-il, cette aide ne cadre pas avec la réalité de ces nations. « Cette aide est, sinon une farce, du moins une vaste plaisanterie », a commenté l'ancien fonctionnaire de l'ONUDI.

Selon le Premier ministre haïtien, l'aide au développement accordée aux pays en voie de développement n'est souvent qu'une sorte de saupoudrage pour masquer la réalité et maintenir ces Etats dans leur situation d'assistés et de dépendants des nantis et des organisations internationales. Gérard Latortue qualifie la coopération internationale dans sa forme actuelle d' « approche néocolonialiste dépassée » et préconise une nouvelle forme de coopération où les fonds débloqué seront utilisés pour le développement réel des nations en voie de développement et non pour payer des experts étrangers en « vacances sous les tropiques ». Comment penser qu'après cinquante ans de coopération internationale, nous ayons en Haïti moins de cent mégawatts d'électricité disponible pour une population de plus huit millions d'habitants, a poursuivi le locataire de la Villa d'Accueil.

Gérard Latortue qui a été fonctionnaire de l'ONU pendant plus de vingt ans a révélé que dans les projets de développement financés par la coopération internationale, environ 60% du budget sont alloué aux salaires des fonctionnaires et des experts étrangers. « Cette approche néocolonialiste n'est plus acceptable », a-t-il encore dit laissant ébahie toute l'assistance composée en grande partie d'« experts » et de coopérateurs étrangers.

« Quelque chose doit changer dans la coopération internationale (...). Lors de mon discours d'investiture et, dernièrement, lors de l'élaboration du CCI (Cadre de Coopération Intérimaire), je leur (Communauté internationale) avais parlé. Je pensais qu'ils m'avaient entendu », a déclaré Gérard Latortue qui, plus de dix-sept (17) mois après son investiture, s'est rendu compte qu'il a été trompé et qu'il s'est trompé lui-même pour avoir été trop optimiste aux belles promesses des « amis d'Haïti ».

Parallèlement, le chef du gouvernement haïtien, dans le cadre des débats sur la réforme de l'ONU, s'est déclaré favorable à la position du groupe des cinq (5) composé entre autres de la France, de l'Allemagne, du Brésil et du Japon. En ce sens, il opte pour l'élargissement du Conseil de Sécurité de l'ONU avec l'intégration d'un pays de l'Asie, d'un autre de l'Afrique, du Japon. Il estime « indispensable l'élargissement du Conseil de sécurité de l'ONU qui, dans son état actuel, ne répond pas aux exigences de l'échiquier géopolitique mondial ». Quant aux deux (2) autres organes de l'ONU, l'Assemblée générale et le Conseil Economique et Social (ECOSOC), à son avis, ils ne jouent pas réellement leur rôle. En ce qui a trait à l'Assemblée générale, il dit préconiser le principe de l'égalité souveraine des Etats. Et, pour l'ECOSOC, il se dit favorable au renforcement de cet organe qui doit jouer un rôle plus actif dans la coordination de l'aide internationale.

A noter, à ce symposium, la participation de M. Harouna Ouedraogo qui a présenté le rapport sur « Les défis, les menaces et le changement. Un monde plus sûr : notre affaire à tous », suivi de celui intitulé : « Dans une liberté plus grande : Développement, Sécurité et Respect des Droits de l'homme ». L'intervention de M. Ouedraogo a été suivie de celle de M. Hérold Jean-François, consultant des nations Unies sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Le directeur de radio Ibo est intervenu autour du thème : « Investir dans le développement :plan pratique pour réaliser les objectifs du millénaire pour le développement ». M. Adama Guindo, coordonnateur des Nations Unies en Haïti, a précédé le Premier ministre au micro et a formulé des remarques sur les interventions de ses prédécesseurs.

Dans l'après-midi, les professeurs Mirlande Manigat, politologue, et Claude Moïse, historien, devaient animer des réflexions sur le processus de vastes réformes initié par le Secrétaire général Kofi Annan au sein des Nations Unies.

Samuel Baucicaut
 
  

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