Quelle issue pour les Nations Unies en Haïti après la gabegie électorale du 28 novembre 2010
Posted on 04 December 2010.
Les Nations Unies sont envoyées en Haïti pour stabiliser la paix et la politique afin de créer les conditions d’un développement durable pour le peuple haïtien. Depuis son arrivée en Haïti, au lieu de se mettre à l’écoute du peuple pour entendre ses besoins, elles ont préféré paver la route au gouvernement établi à la suite d’élections au gout de vomissures. Les Nations Unies soucieuses de retirer leurs intérêts marginaux de la mauvaise gestion politique continue d’Haïti ont accompagné le pouvoir du président Préval dans toutes les dérives de la Res Publica : non renouvellement à temps des élections législatives, élections législatives contestées , mauvaise gestion des fonds du tremblement de terre, introduction et mauvaise gestion du choléra et aujourd’hui la douche politique la plus froide de toute l’histoire des Nations Unies en pays occupé, l’incapacité de réaliser des élections dans un petit pays de 9 millions d’habitants, pauvres comme ses pieds, pourtant saints d’esprit dans le choix de leurs leaders.
Les hommes de Préval soutenus par Bill Clinton, les Paul Farmer, les Nations Unies, l’OEA, le CARICOM, et la Chambre de Commerce d’Haïti, tous, ayant déjà en poche les promesses de contrats juteux et alléchants de la reconstruction d’Haïti, ne veulent pas les perdre. Ils doivent gérer la continuité pour que la moindre casse ne se produise dans la transmission du pouvoir. Le président Préval et le CEP auraient donné la garantie formelle que tout se passera bien et qu’aucun changement de gouvernement ne viendrait mettre en danger les acquis économiques donnés par la quarante huitième législature. Ils se sont arrangés selon la politique du tout des lavalassiens, de tout rafler du président de la république aux sénateurs et aux députés. C’est dans ce contexte que l’INITE a été formée à partir de la destruction des anciens partis politiques qui ont vu partir leurs leaders les plus relativement populaires dans leurs communautés d’origine. Le nouveau parti du président Préval et les Nations unies se voyaient déjà avec les gymnastiques d’un CEP taillé sur mesure, confier les rennes du nouveau pouvoir et offrir la reconstruction à Bill Clinton sur un plateau d’argent.
C’était bien compter mal calculer. La gestion malsaine du tremblement de terre, celle du choléra par les Nations Unies et par le gouvernement de Mr Préval avaient déjà créé les conditions d’un rejet en bloc de leurs politiques en Haïti et façonné l’esprit du petit peuple à la recherche de Messie pour lui apporter un nouvel espoir. La gestion maladroite par le CEP du processus électoral depuis son commencement n’a pas permis que les promesses des fleurs se transforment en fruit. Tous les actes posés par le conseil électoral ont été un agrégat de duperie et de coups bas portés contre une opposition que le président Préval avait élégamment minée avec la complicité de son ancien premier Ministre Edouard Alexis lâchement abandonné à son tour par ses anciens camarades de l’exécutif. Le président Préval a fait à Mr Alexis ce qu’Aristide avait fait à Amiot Métayer. Après qu’il s’en est servi pour arriver à ses fins il l’a jeté dans la poubelle du mépris et de l’opposition qui n’est pas prête à oublier le comportement de chien fidèle du Président Préval de l’ancien premier ministre. La chambre du commerce d’Haïti a joué le jeu machiavélique de la politique en utilisant les services de la firme BRIDES qui, pour calmer les appréhensions de l’électorat a aussi joué le jeu en faisant occuper la première place dans les sondages à une dame, Mme Myrlande Manigat qui inspirerait confiance, respect et espoir dans la population.
Ce calcul seyait aussi bien à Mr Préval, à la chambre de commerce d’Haïti qu’aux Nations Unies jusqu’au jour du fameux débat, opposant Lesly Martelly, Mme Manigat, Neptune et Lesly Voltaire. Dans ce débat, la phase des élections allait changer du tout au tout et allait mettre en pourpre le voile de Martelly, qui dans un de ses coups d’animation, a préféré laisser les questions déjà farfelues et malvenues des journalistes pour écarter d’un revers de main la comédie de ces derniers et dire : « Map lese kesyon lejè sa yo, pou’m atake nèg sa yo, ki tap kraze brize sou gouvenman aristid ak preval yo, pou’m mande yo, si se konye la, yo anvi chanje peyi. »
Avec la prononciation de ce bout de phrase, MIKI venait de déjouer sans le savoir tous les sondages et a fait basculer le vote en sa faveur, du moins dans toutes les grandes villes du pays. Miki venait de déjouer le plan de Préval, du CEP, des Nations Unies, de l’OEA, de CLINTON et forcer cette équipe à concevoir une autre stratégie que celle de ne pas tirer même un coup de pétard pour terroriser la population le jour du scrutin. La déception de la population des votants au cours de la journée du 28 novembre n’est pas le fait qu’il y ait 50 bureaux de saccages, d’après un décompte à la va vite du CEP, mais plutôt celle consistant à lui retirer son droit de vote en brouillant ses noms sur les listes électorales dans les bureaux. C’est la plus grande duperie des élections du 28 novembre. Dans ces conditions, ce ne sont pas les 50 bureaux sabotés qui sont en cause mais c’est tout le vote même qui est entaché d’erreurs graves parce la majorité des votants n’a pas pu exprimer ses votes.
Or, les Nations Unies après l’impair causé dans la gestion du Choléra, et après toute la garantie donnée au cours de la semaine précédant les élections sur la netteté de ces dernières, ne peuvent se permettre de commettre une nouvelle gaffe qui prouverait à la face du monde qu’elles sont incapables de gérer les élections en Haïti et qu’elles soutiennent mordicus le président Préval rejeté par la population. Les Nations Unies ont donné la promesse formelle que personne ne sera intimidée par le bruit des armes. Cette promesse a rassuré la population qui se préparait à s’approprier le processus électoral et qui était descendue en masse pour donner le carton rouge à Mr Préval, à l’INITE, au CEP, à l’OEA, à la CARICOM et aux Nations Unies.
Mais le CEP veillait. Au lieu d’intimider le peuple par des moyens grotesques qui feraient la une de la presse nationale et internationale, le CEP a préféré tuer la démocratie dans l’œuf en organisant le désordre du vote, en brouillant les noms des votants dans les sites des bureaux de vote et en ne permettant pas que le peuple trouve son nom et son chemin du vote pour choisir le candidat de son choix.
Le vote du peuple étant connu à l’avance «Nap bwe dlo kann lan, nap kite ma a pou yo » il fallait s’arranger pour que le petit peuple ne puisse pas voter. C’est ce qui est arrivé. Le CEP a dit sur 1500 bureaux de votes, en service le jour des élections, 56 seulement ont été sabotés. Ce que le CEP n’a pas dit, est que dans tous les 1446 bureaux de vote restant, le désordre du vote a été généralisé et que la majorité de la population n’a pas trouvé leurs noms sur les listes électorales des bureaux pour exprimer son vote. Elle en est sortie frustrée des autorités politiques nationales et des forces d’occupation.
Les Nations Unies en sont sorties honteuses comme un renard qu’une poule aurait pris. Le président Préval, lui, comme dans « La grenouille et le rat « de la fable de La Fontaine a recueilli la récolte de la morale de ces deux alexandrins :
« La ruse la mieux ourdie peut nuire á son inventeur
Et souvent la perfidie retourne á son auteur »
L’OEA a été obligée de renvoyer sa conférence de presse. Les observateurs internationaux ne peuvent plus jouer leurs jeux. Le peuple haïtien a découvert le jeu de tout de tout ce beau monde et lui a infligé une belle raclée politique et une cinglante défaite.
Quelle issue reste aux Nations Unies après avoir démontré la preuve de leur incompétence politique à ne pas pouvoir organiser les élections en Haïti ? Elles seules devront tirer les conséquences de leur stupidité politique, car en dernier lieu, ce sont elles qui disposent des nerfs de la guerre, l’argent et les munitions, lesquelles ont montré que ces atouts ne suffisent pas lorsque le peuple décide de prendre en main son destin.
Ce n’est pas à moi de sortir le Nations Unies du bourbier haïtien qu’elles se sont créés. Je ne suis pas leur consultant. Cependant, comme ce petit pays m’appartient aussi, je ne saurais laisser la solution aux seules compétences de Nations Unies qui ont montré qu’elles n’en ont pas.
Voici à mon avis la solution la plus sage :
L’INITE ne peut pas profiter d’un crime commis en son nom. Les Nations Unies non plus ne peuvent pas sortir vainqueur à 100% d’un crime dont elles sont les auteurs intellectuels et politiques. L’OEA et la CARICOM ne peuvent pas non plus sortir victorieuses d’une piège qu’elles ont tendue au valeureux et héroïque peuple haïtien, parce que celui-ci l’a déjouée. Le peuple ne peut pas être victime et subir ouvertement les solutions battades de l’étranger qui ne songe qu’à sauver la face. Il faut une solution politique qui satisfasse tout le monde à la fois.
1-Tout le beau monde reconnait que la journée du 28 novembre a été une comédie mal montée , que le CEP a péché à tous les coups et qu’il n’est pas question qu’on reconnaisse les résultats des élections puisque dès midi et demi, tous les candidats à la présidence avaient demandé à l’annulation du scrutin et qu’à partir de ce moment, que le vote était transformé en une opération de bourrage d’urne. En conséquence de la reconnaissance de cette gabegie généralisée, je propose la solution suivante.
1- Une solution politique qui annule tout le vote du 28 novembre sans renvoyer les élections.
2- La continuité des élections au second tour à la condition précise que seul le scrutin du second tour serve pour départager les candidats.
3- La constitution au deuxième tour dans chacun des 1500 bureaux d’un comité électoral de supervision composé de 3 policiers, de 3 MINUSTHA, de trois observateurs nationaux et internationaux et des membres du bureau BIV pour suivre les opérations de vote de six heures AM à 4 heures PM et pour servir de juges électoraux locaux pouvant annuler séance tenante tout impair causé par un candidat ou un représentant de candidat dans un bureau de vote.
Que les observateurs et les officiels de chacun de ces bureaux contresignent chacun les procès verbaux qui feront office de pièces à conviction au centre de stabulation pour donner le résultat du vote définitif.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire