Le fondateur de WikiLeaks raconte sa détention
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Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, dimanche. Crédits photo : PAUL HACKETT/Reuters
Dans sa première interview depuis sa libération, Julian Assange évoque le «soviétisme» de sa prison et répond au vice-président des États-Unis, qui cherche les moyens de le traduire en justice.
Julian Assange se déclare déterminé à poursuivre son combat. Dans sa première interview depuis sa libération conditionnelle intervenue vendredi dernier à Londres, le fondateur de WikiLeaks est revenu sur son état d'esprit depuis sa remise en liberté. «C'est merveilleux d'avoir quitté le confinement et la solitude. Je suis très déterminé car j'ai vu que nous avions reçu un soutien à l'échelle mondiale, et particulièrement en Amérique du Sud et en Australie», explique Julian Assange au quotidien espagnol El Pais. Le hacker australien avait été placé en détention le 7 décembre en Grande-Bretagne, dans le cadre d'une procédure d'extradition lancée par la Suède contre lui au sujet d'une affaire de viol et d'agression sexuelle présumés.
Sur ses dix jours d'incarcération, Julian Assange raconte avoir été transféré à trois reprises. «J'ai tout d'abord été enfermé en détention provisoire, mais à la différence des autres prisonniers, ma cellule est restée fermée pendant toute cette période. On m'a ensuite transféré à la prison d'Onslaw, qui abrite 350 prisonniers. Ils représentent tous un danger pour les autres prisonniers et pour les gardes : ils sont soupçonnés de meurtre, de viols, etc», déclare l'éditeur du site WikiLeaks. Avant de poursuivre : «Je ne pouvais pas sortir de ma cellule, mais de nombreux prisonniers me déposaient des mots sous ma porte. Je soulevais beaucoup la curiosité».
Héros d'un gardien de prison
«Les conditions de détention étaient à chaque changement de prison de plus en plus dures», se rappelle Julian Assange, qui compare le système carcéral britannique au «soviétisme». «Chaque cellule abritait une caméra et chaque prisonnier était isolé». «Pour pouvoir téléphoner, il fallait se lancer dans des procédures qui duraient une éternité», ajoute-t-il, précisant qu'il n'a pu téléphoner que quatre fois, et jamais à son avocat. La majorité de ses gardes était toutefois de son côté, assure-t-il. «Un employé de la prison m'a un jour présenté une pancarte sur laquelle on pouvait lire : ‘J'ai deux héros dans la vie : Martin Luther King et vous'».
Au sujet de «Mlle A» et «Mlle W», qui sont au cœur des poursuites lancées en Suède contre lui pour viol et agressions sexuelles, Julian Assange rétorque : «Comme d'habitude, presque rien ne correspond à ce est dit. C'est une ultime action de la campagne de discrédit dont je suis l'objet».
Les États-Unis cherchent toujours, de leur côté, le moyen de poursuivre Julian Assange. Pour la première fois, c'est le vice-président américain, Joe Biden, qui le déclare officiellement : le ministère de la Justice américain explore les voies légales pour traduire devant la justice le fondateur de WikiLeaks, qualifié de «terroriste high-tech». «S'il a comploté avec un militaire des Etats-Unis pour mettre la main sur ces documents secrets, c'est fondamentalement différent d'un journaliste à qui on les remettrait», a dit le vice-président, sur la chaîne NBC.
«Atteinte à la sécurité nationale»
Datant de 1917, la loi américaine contre l'espionnage n'est pas taillée pour ce genre de cas. Car il faudrait prouver que le site WikiLeaks, à l'origine de la révélation de milliers de notes diplomatiques américaines, n'est pas un média traditionnel. Les procureurs du ministère américain travaillent donc sur une autre base juridique. Ils cherchent notamment à rassembler des preuves que le fondateur de WikiLeaks a «comploté», selon les mots du vice-président, en encourageant ou même en aidant en amont le militaire américain Bradley Manning. Ce dernier est soupçonné d'avoir transmis les milliers de documents au site internet.
Accuser Julian Assange de complot permettrait à l'administration américaine de le rendre responsable d'atteinte à la sécurité nationale, tout en justifiant que les médias traditionnels restent couverts par la liberté d'expression protégée par la Constitution. «Cet homme a fait des choses qui ont nui, mis en péril la vie et le métier de certaines personnes dans le monde. Il a rendu plus compliquée la conduite de nos affaires avec nos alliés et nos amis», a expliqué Joe Biden.
Interrogé par El Pais sur les propos de Joe Biden, Julian Assange a répondu lundi que «selon le vice-président nord-américain, la vérité sur les Etats-Unis, c'est du terrorisme». «Le terrorisme se définit comme l'emploi de la violence à des fins politiques, a-t-il poursuivi. L'administration de Biden continue de s'offusquer de notre organisation et de la presse avec un objectif violent ou politique, donc qui sont les terroristes ?»
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