POUR UNE SORTIE CONSENSUELLE DE LA CRISE NEE DES ELECTIONS DU 28 NOVEMBRE 2010
Port-au-Prince, le 19 décembre 2010
Son Excellence René Préval
Président de la République
Ce qui reste du Palais National.
Excellence,
Voilà que je cède, encore une fois, peut-être la dernière, à cette pulsion prémonitoire d’écrire une lettre ouverte à mon président. Je le fais en toute humilité parce que j’ai peur d’être complice, par mon silence, de ce qui arrivera en Haïti si l’on s’entête à vouloir faire à tout prix, marcher le cadavre des élections du 28 novembre « raidement » mortes, du choléra, pour une part, importé celui-là.
La deuxième mi-temps a bien eu lieu ; mais, à la 89ème minute de jeu, le public a envahi le terrain, éliminant ainsi tous les pouvoirs de l’arbitre qui doit donc se chercher un couloir de sortie. Tous aux vestiaires, pardon à …la rue !
Le 28 novembre, la pire des sélections nationales de toute l’histoire d’Haïti. Pourtant, une responsabilité collective ! Par action ou par omission, par le silence ou les mauvais agissements haïtiens autant qu’étrangers ! Les mêmes mauvais génies de cette farce se rongent aujourd’hui les méninges pour trouver la solution, qui n’existe pas, pour faire renaître à la vie le DCD ; c’est que ce crime, trop parfait, a brusquement remis en question des milliards de rêves conservés, pendant longtemps bien au chaud : pouvoir enfin, re-pouvoir, la continuité de l’exploitation de la misère d’un peuple sous les bottes, garder toujours sous clés les richesses du pays rendu, à dessein, le plus pauvre des Amériques. Rêve enfin d’aspiration de milliards imaginaires, vrai filalang en réalité, ou source de renforcement d’augustes fondations en panne de ressources pour certaines vraies élections à venir, ailleurs !
Mon président,
Nous sommes tous au carrefour de deux vérités simples, de deux choix. Le premier, capable de nous faire déboucher sur une tragédie et le second, susceptible de nous conduire, tous ensemble, sans exclusive vers la lumière : continuer les élections ou trouver ensemble une solution politique consensuelle.
I.- Continuer avec les élections : le scénario catastrophe
1.1 Un recomptage sincère des procès verbaux et même des bulletins consacrera la victoire aux élections du Citoyen Jude Célestin avec environ 52.9% des votes exprimés, indépendamment du comment de leur existence. Ceci est une autre histoire. J’avais bien dit pourtant, sur les ondes de Signal F.M, que seule une fraude dans la fraude éviterait la victoire au premier tour du dauphin. Vous n’avez pas osé le faire, vous ne pouvez plus oser le faire. Vous souvenez-vous de ma question à ce sujet, malicieuse et sournoise, mais pourtant claire et directe ?
1.2 Un deuxième tour à 18 ! Une ineptie qui ne mérite même pas que je m’y attarde.
1.3 Un deuxième tour à trois : une élucubration de ceux-là qui sont sûrs qu’Haïti ne sera jamais rien d’autre qu’une minable petite République bananière, bonne pour n’importe quelle insulte, quelle qu’elle soit.
1.4 Un deuxième tour Martelly-Manigat ? Une marche arrière que la troublante histoire de ces élections ne peut permettre. Ce serait vouloir ignorer les causes profondes de la conception et de l’exécution de toute cette machination. Ce serait reconnaître le vol des votes des trop rares vrais votants. Ce serait aussi un inacceptable suicide de votre camp qui vit un drame existentiel. Nous avons trop besoin de vous pour ne pas revenir en 2004-2006.
1.5 Un deuxième tour Manigat-Célestin ? C’est justement cette décision, rendue publique le 7 décembre, qui a mis le feu aux poudres. A moins que, pyromanes, nous ne voulions continuer l’expérience de la rue et du feu. C’est une option cynique d’autant que la MINUSTHA s’est virilement entrainée à tuer les haïtiens au nom de la sacro sainte loi de la légitime défense. Et puis, les RDNPistes ne voudront pas l’entendre de cette oreille, aujourd’hui dans la tête du peuple revendicatif, il n’y a aucune différence entre Manigat et Célestin : le peuple a décidé que vous avez complotez « ensemble ensemble ». A tort, très certainement, peut-être, comme c’est souvent le cas; mais, vous savez ce qu’est le poids de la perception face aux vérités quand celles-ci sont cachées ou voilées.
II.- Solution politique consensuelle.
Convoquer une grande réunion avec la classe politique, le secteur des affaires, la société civile, les autorités morales et religieuses ainsi que l’International pour convenir de :
2.1 Former un conseil des sages comprenant les citoyenne et citoyens : Odette Roy Fombrun, Gérard Gourgues, Franck Etienne, Jean-Claude Bajeux et des notables âgés de 70 ans ou plus représentant chaque département géographique. La mission de ce Conseil serait de recevoir de vos mains les grands dossiers de l’Etat. Il agira comme parlement pour ratifier ou rejeter les décisions du gouvernement. Il sera responsable des consultations visant à convoquer, avec le gouvernement, une constituante pour régler les problèmes de la Constitution de 1987.
2.2 Nommer le Président de la Cour de Cassation
2.3 Aider les partis et les plateformes politiques, ayant eu un certain nombre de candidats à la députation et au Sénat, à se regrouper comme suit :
- INITE et associés
- LAVALAS-ALTERNATIVE (RENMEN AYITI et cie)
- Le CENTRE GAUCHE DEMOCRATIQUE (RDNP et associés)
- Le CENTRE DROIT DEMOCRATIQUE (PLAPH, RESPE, GFCD, ACCRA, MOCHRENA, FORCE 2010 ect..)
- LE REGROUPEMENT DES JEUNES (REPONS PEYIZAN, FAS A FAS et autres)
2.4 Préparer entre les entités ci-dessus identifiées un gouvernement d’Union Nationale ayant à sa tête, comme président de la République, le président de la Cour de Cassation avec pour mission de :
§ Gérer le fonctionnement routinier de l’Etat
§ Gérer le problème du choléra
§ Gérer la situation des gens vivant dans les camps
§ Sortir la loi sur les partis politiques
§ Former un Conseil Electoral permanent
§ Publier la nouvelle loi électorale
2.5 Réaliser les élections générales au mois de novembre 2011 qui nous permettront d’entrer enfin dans la légalité républicaine.
Monsieur le président,
Les participants à cette réunion devraient laisser à la porte leur orgueil, leurs raisons dix mille fois ressassées, leur suffisance que rien n’explique en général. Il leur faudrait être d’accord, au départ que nul n’ira en exil, que nul ne sera, non plus, poursuivi pour quelque motif que ce soit. Nous sommes tous au courant du mal qui nous conduirait au tour de cette table ; suffisamment pour devoir nous concentrer sur la qualité de l’avenir à construire. J’écris encore une fois une lettre ouverte, un appel à la Nation, pourtant, depuis ma conférence, prononcée le 15 octobre 1986, à l’auditorium du Corps des Léopards pour le compte des Forces Armées d’Haïti, j’avais à l’époque le grade de major, j’ai l’habitude d’être bien inspiré à temps, d’expliquer très clairement mon analyse, de présenter mon diagnostic des évènements, et, de souvent proposer des solutions tout en prédisant ce qui peut arriver. J’ai aussi l’habitude de m’entendre dire que je l’avais bien dit, une fois le malheur arrivé et que nous y sommes impuissants. Je vous en conjure, et je fais de même auprès de tous ceux qui, aujourd’hui, en Haïti et ailleurs ont le pouvoir de convoquer cette réunion, de le faire au plus tôt.
Monsieur le président,
Laissez-moi vous remercier pour finir, de l’attention que vous voudrez accorder, une fois de plus, à mes intervention et, j’ai le bonheur de vous annoncer que depuis le 15 décembre 2010, je n’ai plus un seul réfugié au CEPEM. Ils sont tous partis dans le silence et la dignité dont je rêve pour chaque haïtienne et pour chaque haïtien.
Que Dieu vous garde !
Himmler REBU
Citoyen engagé
Président du GREH
Secrétaire Exécutif du PLAPH
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