dimanche 12 décembre 2010

Il n'y a point de solution pour un problème mal posé!

Un excellent texte du camarade Telly Bruno

Les non-dits de la crise électorale 

Finalement, ceux qui ne voulaient pas aller aux urnes avec Préval n'avaient pas tort. Ceux qui y ont participé paient le prix du risque politique dans cette impasse électorale sans issue. Mais le plus grand perdant reste Haïti particulièrement plus vulnérable pris au piège du calendrier politique. Il est clair que le chef de l'Etat et son parti INITE ne sortiront pas vainqueurs de la farce électorale contestée nationalement et internationalement. Jude Célestin ne pourra pas succéder à René Préval ou du moins, il ne pourra se maintenir au pouvoir. Préval s'est révélé totalement inapte à diriger un pays surtout en temps de crise et son poulain n'a nullement l'étoffe d'un chef d'Etat. La gabegie administrative, le vol, la corruption sont le quotidien de l'administration Préval et ce dernier devra rendre compte de sa gestion. Heureusement d'ailleurs, il refuse l'exil. Cela ne se fera pas car la MINUSTAH, Edmond Mulet et Colin Granderson devraient aussi être sur le banc des accusés. 

Toutefois, le problème aujourd'hui n'est pas la chute de Préval mais plutôt l'incohérence de la classe politique, incapable de prendre avantage d'un adversaire déjà en chute libre. Que de fois, on a vu à travers le monde une opposition forte et cohérente faire face à un pouvoir autoritaire, contrôlant tout l'appareil d'état, tel que c'est le cas en Haïti. Il est clair que même en tenant compte de cette mascarade, près de 80% de l'électorat n'a pas vote INITE. Mais, il est tout aussi vrai que 18 candidats qui se tapent les uns sur les autres ne peuvent en aucun cas renverser un pouvoir établi. 18 candidats préoccupés à surveiller leur petit territoire offrent toute sorte de latitude au pouvoir pour mettre en place sa machine de fraude et de crime organisé. C'était le début de la farce. 

Aujourd'hui, personne, y compris les medias, ne veulent voir le défi en face préférant se focaliser sur un Préval dont le mandat s'achève dans quelques jours. Quels grands titres feront la UNE, à son départ ? Le match de boxe se poursuivra entre ceux qui ont eu raison de ne pas aller aux urnes, ceux qui ont été complices de la mascarade, ceux qui s'y sont retirés à temps, bref, une poursuite de la farce en attendant la prochaine élection présidentielle à 40 candidats cette fois. Un autre match de boxe s'annonce aussi entre les figures morales éligibles pour former pour un énième gouvernement provisoire de « consensus national ». Là aussi, la bataille souterraine a déjà démarré, aussi féroce que celle connue dans les medias au sujet de l'impasse électorale. 

Entretemps la fuite en avant continue. Mirlande Manigat et Michel Martelly revendiquent des votes additionnels alors qu'ils avaient demandé à leur partisans de ne plus voter des la mi journée et que les partisans d'INITE étaient pratiquement les seuls dans les bureaux pendant près de cinq heures du vote. « se sot ki bay, enbésil ki pa pran ». Aujourd'hui, on brûle Pétion-Ville et les Cayes pour revendiquer des votes qu'on a demandé d'arrêter et on exige la victoire en se basant sur des tendances d'échantillon. La presse nationale et internationale sont donc tombées sur la tête ou du moins ont été piégées ?. 

Je n'ai pas la solution non plus à cette impasse électorale. Il vaut mieux d'ailleurs ne pas avoir de solution à un problème mal posé. Entre temps, cette farce relègue au second plan la bataille contre le cholera et la situation post-séisme. Peut-être juste un peu de bon sens serait la voie. 

TB

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