Haïti: « Suite aux décisions du BCEN, les membres du CEP n'avaient pas à se prononcer sur les résultats des élections. C'est la loi électorale qui dicte la procédure », a indiqué, tranchant, Edmond Mulet au Nouvelliste, en réponse à la controverse suscitée par les déclarations des conseillers électoraux qui n'ont pas signé la proclamation des résultats des élections du 28 novembre 2010. « Les statistiques qui n'ont pas été rendues publiques n'ont aucune importance. Pour le second tour, tous les candidats partent de zéro, et celle ou celui qui sera le mieux placé va remporter l'élection », a aussi déclaré le représentant du secrétaire général des Nations unies en Haïti. Mulet balaie d'un revers de main toutes les critiques qui soulignent que la proclamation des résultats est entachée d'irrégularités, avant de poursuivre pour dire que « l'OEA a fait des recommandations pour corriger les erreurs qui avaient entravé le bon déroulement du premier tour. Grâce au délai plus long dont dispose le CEP pour organiser le second, on pourra les mettre en oeuvre pour tout améliorer. » D'ailleurs, l'organisation des Etats américains (OEA) est déjà à la recherche de fonds pour augmenter le nombre de ses observateurs sur le terrain ; l'Union européenne s'apprête à en faire de même et les organismes haïtiens d'observation du processus électoral, comme le CNO, vont aussi augmenter leurs capacités de surveillance, selon le diplomate onusien. « La légitimité des prochains pouvoirs législatif et exécutif qui vont prendre charge après les élections dépend de la crédibilité des élections, et tout le monde a intérêt que tout se passe bien. La stabilité du prochain gouvernement et le futur d'Haïti en dépendent », insiste le boss de la Minustah. « S'il y a encore des doutes, cela va créer beaucoup de problèmes, d'autant que la suite s'annonce assez serrée. Il faut tout faire pour que chaque vote soit respecté », lance celui qui est l'oracle de la communauté internationale en Haïti lors de cette longue interview accordée dimanche au Nouvelliste. « Cette passation de pouvoir avec alternance, sera une première en Haïti, et ce sera une bonne chose de montrer qu'à travers le vote on peut y arriver, transmettre le pouvoir à un président qui n'est pas du même bord que celui qui s'en va », lâche, pédagogue, celui qui s'est battu pour que le candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin, soit recalé. « Il y aura bientôt d'autres élections, les partis politiques doivent déjà commencer à s'y préparer. Le parlement sera de tendances diverses. C'est sain d'avoir différentes voix au parlement autour du partage du pouvoir. Le président américain, Barack Obama, vit la même situation aux USA après les élections de mi-mandat. Ce n'est pas mauvais », croit le diplomate désigné ''l'Homme de l'année'' par le plus important quotidien de son pays, le Guatémala, mais dont le nom orne les murs de la capitale dans des slogans peu flatteurs. Jamais en retard d'une annonce, Edmond Mulet dévoile déjà qu'avant l'investiture du prochain président de la République d'Haïti le 14 mai au plus tard, la Constitution de 1987 sera amendée comme le souhaitait le président René Préval. « La réforme de la Constitution va être mise en chantier avant même la passation de pouvoir. Sinon, il faudra attendre cinq ans et une autre élection présidentielle. C'est sous le gouvernement de René Préval que ce changement aura lieu. Le processus d'amendement avait débuté avec la Commission présidée par Claude Moïse ; il a été voté par l'Assemblée nationale à une large majorité, et les articles qui vont être modifiés vont donner plus de stabilité dans la conduite de l'Etat. Il faut donc le mettre en oeuvre », prêche Edmond Mulet déjà embarqué dans une autre bataille à quelques mois de la fin de sa mission en Haïti. | ||
Frantz Duval duvalf@hotmail.com |
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