lundi 7 février 2011

Aristide en route pour Haïti...pas encore





Haïti: « La mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) n'a pas d'opinion sur un éventuel retour de Jean Bertrand Aristide dans le pays », a déclaré ce dimanche Edmond Mulet interrogé en sa résidence par Le Nouvelliste alors que des rumeurs insistantes, mais fantaisistes, font état d'un retour ce dimanche de l'ancien président en Haïti.
Selon des sources combinées, le ministère des Affaires étrangères s'apprête à remettre à Ira Kuzban, un des avocats de Monsieur Aristide le passeport diplomatique qui lui revient de droit comme ancien président d'Haïti.

« Son avocat est en Haïti avec un mandat en bonne et due forme. Le ministère de l'Intérieur est en passe de fabriquer le passeport de l'ancien président Aristidea qui sera remis à son avocat », a admis un responsable du ministère des Affaires Etrangères, dimanche soir.

Toutes les rumeurs d'un retour imminent de l'ancien président viennent de la divulgation de cette information.

Tergiversations du gouvernement Préval-Bellerive

Selon l'Agence Haïtienne de Presse (AHP) ce problème de passeport aurait dû être résolu depuis la semaine dernière après l'envoi par l'avocat, au nom du président Aristide, d'une lettre au Ministère des Affaires étrangères pour demander le renouvellement du passeport, mais les ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères jugeaient cette pièce insuffisante et faisaient valoir de "pseudo raisons administratives", arguant que le président Aristide devrait en faire lui-même la demande.
Après avoir exigé qu'il aille au Benin pour produire la demande (bien qu'il ne dispose pas de passeport), le ministère des Affaires Etrangères indiquait finalement que M. Aristide pouvait scanner une lettre et l'envoyer par mail au Ministère.
Toutefois, au dernier conseil de gouvernement, plusieurs ministres jugeaient ces exigences farfelues et exigeaient que le passeport soit envoyé au président en exil pour qu'il revienne dans son pays, vu qu'il s'agit d'une exigence constitutionnelle.
L'ancien président à vie Jean-Claude Duvalier est bien rentré et sans difficulté au pays le 16 janvier, mais pourquoi toutes ces mesquineries à l'égard du président Aristide, se sont indignés certains membres du gouvernement.

L'attente commence




Tout l'après-midi de dimanche, un trafic inhabituel était observé à l'aéroport international Toussaint Louverture. Des sympathisants du chef du parti Lavalas, des journalistes et des policiers semblaient attendre un événement.
Contacté par Le Nouvelliste, un haut placé du parti Lavalas a démenti l'arrivée ce dimanche de l'ancien curé de St Jean Bosco qui se trouve toujours en Afrique du Sud.

« Pas ce dimanche. Pas encore. Je n'en suis pas encore informé en tout cas », a-t-il déclaré au journal.
Plusieurs sources interrogées par le journal doutent que Jean Bertrand Aristide fasse le voyage jusqu'en Haïti alors que les résultats de l'élection présidentielle du 28 novembre proclamés le 3 février annoncent un deuxième tour entre Michel Martelly et Mirlande Manigat, deux responsables politiques qui ne sont pas de ses amis.

« Préval est hors de course, Inite ne lui doit rien, ses ennemis vont prendre le pouvoir, Haïti sera un vrai guêpier pour Aristide s'il revient d'autant que les Français, les Américains et les autres n'y sont pas favorables », a indiqué au Nouvelliste un analyste sous le couvert de l'anonymat.

Les réserves de Mulet

Edmond Mulet, le représentant spécial du Secrétaire des Nations Unies en Haïti, a tenu à faire le rappel que « sous le gouvernement de monsieur Aristide il y a eu des accusations de détournements de fonds qui ont conduit à des procès aux Etats-Unis d'Amérique. Il y a eu aussi des poursuites contre des trafiquants de drogues proches du régime, dont certains ont été condamnés. Des personnes ont été victimes de violations de leurs droits à cause d'une violence d'Etat sous son régime. Tout nous porte à croire qu'il y aura des plaintes contre lui s'il revient et qu'il aura à répondre par devant la justice d'actions commises du temps qu'il était en charge d'Haïti», estime le diplomate onusien.
La Minustah et Jean Bertrand Aristide ont un cheminement compliqué. La première mission de l'ONU a mis pied sur le territoire national le 29 février 2004, le jour même du départ en exil du leader de Lavalas.
« Les dernières élections sont une opportunité pour Haïti d'aller de l'avant. Il ne faut pas retenir Haïti otage de son passé. Les pays évoluent et Haïti a une nouvelle étape à franchir qui n'a rien à voir avec la situation qui prévalait il y a 30 ans, 20 ans, 15 ans ou même 5 ans », a conclu le diplomate.
L'ONU vient d'offrir son aide au gouvernement Haïtien pour l'aider dans le dossier en préparation pour mettre en accusation Jean-Claude Duvalier revenu au pays le 16 janvier dernier, a aussi rappelé au Nouvelliste Edmond Mulet.
 
 Frantz Duval
duvalf@hotmail.com
 
 








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