Haïti-Elections-Crise
Des observateurs nationaux jugent "insuffisant" le recomptage des
procès-verbaux
Seul un compromis politique entre les différents acteurs peut constituer une
issue heureuse à la crise, estiment six organisations de la société civile
alors que l’impasse paraissait totale malgré le début du processus de
contre-vérification du CEP rejeté par les candidats Mirlande Manigat et
Michel Martelly
samedi 11 décembre 2010,
Radio Kiskeya
Une coalition d’organisations de la société civile haïtienne impliquées dans
l’observation des dernières élections présidentielles, avec l’appui de
l’Union européenne, a prôné samedi une issue négociée à la crise
post-électorale jugeant insatisfaisante la proposition du CEP de recomptage
des procès-verbaux, repoussée par deux des principaux candidats.
La vérification des procès-verbaux "ne suffit pas pour conduire à une
éventuelle sortie de crise", écrivent dans un communiqué conjoint six ONG,
dont le Conseil national d’observation électorale (CNO), l’Initiative de la
société civile (ISC) et le Conseil national haïtien des acteurs
non-étatiques (CONHANE).
En conséquence, un appel à la tenue de consultations est lancé à l’endroit
des différentes parties.
"Toute disposition de ce genre doit faire l’objet d’un dialogue, d’une
concertation susceptible de déboucher sur un consensus suffisant, condition
indispensable pour aboutir à des résultats acceptés par tous et pour une
mise en oeuvre réussie", soutiennent les signataires.
Plus loin, les observateurs nationaux font remarquer que les vérifications
ne peuvent concerner seulement les trois compétiteurs qui auraient obtenu le
plus grand nombre de suffrages.
"Toutes les contestations doivent être entendues aussi bien pour les
législatives que pour les présidentielles", exigent-ils.
Selon les résultats contestés de la consultation du 28 novembre, la
candidate démocrate-chrétienne Mirlande Hyppolite Manigat est arrivée en
tête, lors du premier tour, avec 31% des voix devant le candidat du pouvoir,
Jude Célestin (22%) et le chanteur populaire Michel Martelly (21%).
De nombreux partisans de ce dernier, éliminé de la course à la succession de
René Préval, ont paralysé pendant trois jours Port-au-Prince et plusieurs
autres villes où de violentes manifestations ont fait cinq morts et causé
d’importants dégâts matériels.
Plusieurs centaines de jeunes partisans de l’artiste l’ont encore
autoproclamé "Président" en défilant samedi soir dans les rues de
Pétion-Ville (banlieue est de la capitale) où une vive panique s’est emparée
de la population.
En réaction à ces graves événements, le Conseil électoral provisoire,
discrédité et en perte d’autorité, avait décidé jeudi "d’enclencher une
procédure d’urgence et exceptionnelle de vérification" des résultats des
trois candidats les mieux classés sur les 17 en lice. A cet effet, une
commission de vérification a été créée et devait comprendre les
représentants de Manigat, Célestin et Martelly, les membres du CEP ainsi que
des observateurs nationaux et internationaux.
Ladite commission a tenu sa première réunion samedi après-midi avec très peu
de ses membres désignés.
La candidate du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP)
et son rival de Repons Peyizan ont, contrairement au candidat officiel,
rejeté le recomptage des voix.
"A l’analyse, il résulte que ce communiqué n’indique ni la date ni l’heure
d’une éventuelle invitation des intéressés, ni surtout la procédure
envisagée pour une telle opération. Dans ces circonstances, la candidate
regrette de ne pouvoir s’associer à une pareille démarche", a indiqué dans
un communiqué le conseil juridique de Mirlande Manigat en réponse à la
démarche de l’institution électorale.
Toutefois, la prétendante "demeure ouverte à toute initiative pouvant
favoriser un dénouement de la crise, pourvu que la solution soit empreinte
de transparence et de légalité", précise le communiqué.
Plongée dans une crise politique majeure parallèlement à une virulente
épidémie de choléra ayant causé plus de 2.000 décès et touché 100.000
personnes, Haïti commémore dimanche le onzième mois du violent séisme du 12
janvier.
Cette catastrophe avait fait quelque 300.000 morts, 300.000 blessés et
estropiés et 1,5 million de sinistrés restés depuis sans domicile. spp/Radio
Kiskeya
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