dimanche 7 août 2011

Lettre Ouverte au Président de la République, Son Excellence, M. Michel Martelly


Port-au-Prince le 5 Aout, 2011


Monsieur le Président de la République,
Il n’est un secret pour personne que les efforts répétés de l’Exécutif et du Législatif, en vu de dégager un espace -tant soit peu modeste- où nous saurions nous entendre, n’avancent pas. Mais, si les tentatives sans cesse reformulées afin d’arriver à un modus operandi politique demeurent jusqu’ainsi un échec, je continue de croire qu’elles portent aussi en elles l’essence et la preuve indéniable qu’une démocratie participative, jusque là saine, prend racine en Haïti.
Croyez moi, Monsieur le Président de la République, j’ai –comme vous et comme de nombreux de mes confrères et consœurs du Senat- le cœur lourd et l’esprit soucieux. Mais si vous me voyez navré de la tournure des événements ces derniers temps, ce n’est nullement pour les raisons que vous pourriez imaginer, mais plutôt parce que je sais qu’une confrontation avec vous ne saurait rien apporter de bon pour le pays, tout comme je sais aussi qu’un affrontement avec nous les parlementaires, ne saurait faire avancer nos rêves communs de construction nationale. Et puis, finalement, pourquoi avons-nous tous été élus si ce n’est pour penser aux intérêts de nos votants d’abords ?
Sachez, Monsieur Le Président de la République, que renvoyer Me Bernard Gousse ne fut pas un moment de gloire pour moi, ni pour mes collègues du Senat. Je ne m’enorgueillis nullement d’avoir du m’y astreindre d’autant que j’ai, comme vous le savez, tout fait pour éviter un désaveu publique de cette nomination. Mais, sachez également, Monsieur Le Président de la République, que si je devais le refaire, je revoterais de la même façon et sans doute de manière encore plus convaincue que je ne l’ai fait il y a de cela quelques jours, ayant désormais obtenu de Me Gousse lui-même, l’indéniable confirmation qu’il n’est définitivement pas le rassembleur qu’il nous faut à ce carrefour. D’ailleurs sa rage schizophrène à l’endroit des parlementaires qu’il tentait –à peine vingt quatre heure plus tôt- de ramener en endossant les valeurs de tolérance et de compromis politique de Nelson Mandela montre qu'il est et demeure un homme vindicatif comme nous le craignions.
La vérité, Monsieur Le Président de la République, est, tout simplement, que Me Gousse n’a pas su convaincre les parlementaires dont je fais parti, qu’il était cet homme empreint de sagesse et de pragmatisme politique, capable de nous amener vers une transition inclusive, seul espoir d’un lendemain meilleur, tant économiquement que socialement, pour notre peuple aujourd’hui aux aboies.
Aussi, c’est sans arrogance et avec une bonne volonté publiquement déclarée –j’ai fait campagne à vos cotés dans le plateau Central- et une nouvelle fois renouvelée –puisque je vous l’écrit publiquement-, que je me risque à vous exhorter de trouver en vous la dimension qu’il faut pour identifier une personne qui n’exacerbera pas les craintes et les heurts les plus profondément enracinées en chacun de nous. Vous savez comme moi que nous avons besoin de solidarité collective. L'amertume ne nous amènera nulle part.
Je sais, et je ne suis pas le seul, qu’il y un coté pragmatique et magnanime chez Michel Martelly. Ravivez le, Monsieur Le Président de la République. Je vous en conjure car c’est seulement alors, que vous verrez pleinement la force de votre charisme personnel.
Le vote contre Gousse n’était pas un vote contre Le Président Martelly. Croyez moi. Il s’agissait plutôt d’un un vote de doute profond sur les capacités d’un homme jugé inadapté à diriger l’Appareil d’Etat à ce moment critique de crise post-tremblement de terre. Nous vous l’avons d’ailleurs clairement exprimé, mes collègues du parlement et moi. Rappelez vous-en. C'était lors de notre dernière rencontre. Nous vous avions d’ailleurs bien fait valoir que notre intention n’était pas de passer à l’opposition -loin de là- mais d’harmoniser une cohabitation dynamique avec un Chef de Gouvernement autre que Me Gousse. Vous étiez d’accord. Pourquoi nous l’avez-vous renvoyé tandis que nous avions déjà agréé un compromis ?
Aussi, Monsieur le Président de la République, je vous écris en temps que citoyen pour vous dire que j’ai encore foi en votre bon sens et, en temps que Sénateur de la République, pour vous tendre un rameau de paix. Le Groupe des 16 dans un esprit patriote commun, comme vos conseillers d’ailleurs, ne doit pas tenir compte de plausibles ambitions personnelles ou de supposés affronts mutuels passés. Au delà des idéologie politiques, des considération raciales et des questions sociales, Il doit faire, comme vous et comme vos proches, de l’avenir de notre pays sa priorité.
Si nous avons l’obligation de vous accompagner sur le chemin de la stabilité afin de réaliser nos aspirations communes de progrès économique, de progrès social et de développement durable, il est évident que vous avez également l’obligation de nous choisir une gestionnaire compétent, sans états d’âmes, ouvert à un pacte de gouvernabilité, pour la bonne marche des choses.
Prenez le rameau Monsieur Le Président de la République. Le pays vous en sera reconnaissant et vous en rendra hommage au moment opportun. Moi le Premier, car votre succès sera celui de tout un peuple.
La victoire obtenue par le conflit ne saurait être que de courte durée et l’hymne à la haine ne profiterait ainsi réellement –au bout du compte- à personne. De préférence, œuvrons pour que la paix soit dans nos murs et la tranquillité dans nos palais.

Que Dieu bénisse Haïti qu’il vous guide, pour le bien de notre patrie.

Simon Desras
Sénateur de la République

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