mercredi 1 février 2012

Haïti: Milot, un cas exceptionnel Les séances d'audition se poursuivent au BCEN


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Les membres des trois chambres du Bureau du contentieux électoral national (BCEN) ont siégé ce jeudi sur une dizaine de cas de contestation. Moins de 72 heures après l'ouverture d'une série d'auditions, la durée de ce processus est encore indéterminée. Que diront les Conseillers électoraux à propos de Milot où le nombre de votants a été supérieur à celui des électeurs inscrits?

 
 
Le candidat Moise Jean-Charles, récemment proclamé « sénateur »
  
Parmi les communes où des fraudes massives ont été commises dans les centres de vote, le cas de Milot est sans conteste exceptionnel. Le Conseil électoral provisoire (CEP) a compté 13 476 voix pour cette commune du département du Nord alors que seulement 12 210 électeurs ont été inscrits, lit-on dans un document d'analyse produit par la National Democratic institute (NDI) concernant les résultats du premier tour des sénatoriales partielles du 19 avril dernier pour lesquelles un faible taux de participation a été enregistré. Le candidat Moise Jean-Charles (Lespwa), dénoncé dans un rapport du RNDDH pour son implication présumée dans des actes d'assassinat, a obtenu, à lui seul, 12 158 voix, suivi de Mompremier Marie Giselhaine (Fusion, 290 voix), de Charles Elusca (OPL, 129 voix), de Samson Antoine René (UNION, 109 voix) et de Laguerre Jean-René Jacques (MODELH-PRDH, 48 voix). Ce candidat du parti au pouvoir, conseiller du président de la République et qui a promis récemment à la population capoise 40 km de courant après son élection, a été récemment proclamé « sénateur » avec 51,84% des voix par le président du BECD du Nord. Pourtant, d'après les résutats du CEP, il avait eu un pourcentage de 49,49%.

En attendant que lumière soit faite sur cette situation, les séances d'audition des candidats qui ont contesté formellement ces résultats se poursuivent sans incident au CEP. Ce jeudi, plusieurs cas ont été entendus par les trois chambres du Bureau du contentieux électoral national (BCEN). Marie Denise Claude (Fusion, Ouest); David Bazile (PUN, Ouest) ; Moise Jean-Charles (Lespwa, Nord) sont, entre autres, les contestataires ayant assisté à ces audiences.

Dans l'ensemble, moins d'une vingtaine de candidats sont concernés par cette démarche. La plupart de ces candidats contestataires croient dur comme fer qu'il y avait des irrégularités flagrantes dans certaines communes et donc, selon eux, les résultats du premier tour de ces élections ont été « trafiqués ». 

Processus de contestation : une durée indéterminée

Le processus du traitement des contestations a démarré mardi dernier, soit environ 72 heures après la fin de la période de contestation au niveau des Bureaux du contentieux électoral départemental. Quant à sa durée, Pierre-Louis Opont, directeur général du CEP, avait précisé que la loi électorale du 25 juillet 2005 n'impose aucun délai légal au BCEN. « Le processus pourrait encore être en cours jusqu'au 1er juin », avait-t-il expliqué. Composé de trois (3) chambres, dont chacune est constituée de trois (3) conseillers électoraux et de deux (2) juges, cet organe de l'Institution électorale est le seul à pouvoir publier des résultats définitifs. « Les décisions du Bureau du contentieux électoral national (BCEN) sont définitives et ne sont susceptibles d'aucun recours. Ces décisions doivent être affichées suivant la délibération du BCEN », stipule l'article 191 de la loi électorale citée précédemment.

Si aucune date n'est encore retenue pour la publication de ces résultats, la date du second tour de ces élections sénatoriales partielles est fixée pour jusqu'ici le 21 juin prochain. L'incertitude est que personne n'est en mesure de dire pour l'instant si ces élections seront reprises ou non dans le Plateau Central, où elles ont été annulées en raison des cas de violence intenses qui se sont produits lors du déroulement du premier tour de ce scrutin. Et dire que ce vent de violence continue de souffler sur certaines communes de ce département!

Le climat sécuritaire incertain dans le Centre

Pas plus tard que samedi dernier, un meurtre a été enregistré à Hinche, chef-lieu de ce département, à la suite d'un malentendu. Molé Célestin, 34 ans, a été abattu par balles. Le présumé assassin répond au nom de Baby Jeune. Ils sont tous deux proches collaborateurs du député de Maïssade, Willot Joseph. Député et candidat au Sénat, ce dernier avait été incarcéré en 2006 pour vol de véhicule et cité dans un rapport d'Amnesty International en mars 2001 pour menaces de mort sur la personne de Ossagnol Servil, juge de paix de cette ville. 

Les explications relatives à ce meurtre qui rend incertain le climat sécuritaire dans cette région, n'ont pas encore été fournies. Une seule chose est certaine, le nommé Baby Jeune est en cavale. Cité dans le rapport d'enquête de l'Institut mobile d'éducation démocratique (IMED) sur les incidents qui se sont produits dans le Centre le 19 avril dernier, il est également accusé d'avoir participé à la bastonnade de plusieurs citoyens dont Joël Jules, dirigeant d'une association de jeunes évoluant à Hinche.

« Les troubles que l'on a connus dans le Centre durant la période électorale dérivent directement de l'attitude du candidat Willot Joseph, qui demeure intouchable en raison de son statut de parlementaire lui conférant l'immunité. En 2006, il avait giflé le maire de Maïssade sans risque d'être poursuivi », a rapporté Jean Edwige Robert, directeur départemental de la Police du Centre, dans ce rapport de l'IMED publié le 29 avril dernier. Le rapport d'enquête de la commission de trois membres mise sur pied par le CEP pour faire la lumière sur les incidents enregistrés dans le Plateau Central, où les sénatoriales partielles devront reprendre deux semaines après le 21 juin, est attendu impatiemment depuis environ un mois après le premier tour.

Victor Jean Junior
victorjeanjunior@lenouvelliste.com

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