vendredi 1 octobre 2010






Un face-à-face inédit entre des responsables de Radio-Canada et un noyau de la presse ethnoculturelle du Québec a permis, le 24 septembre dernier, de dessiner les contours d'une nouvelle ère de collaboration. La nécessité d'un rapprochement professionnel a été évoquée dans le but de trouver réciproquement des solutions aux problématiques soulevées par les deux parties en matière de diversité.
L'ambiance à huis-clos au 22e étage...
Lors de cette rencontre, convoquée conjointement par Radio-Canada et l’Agence de presse «Média Mosaïque», les différents représentants des médias de la diversité ont su trouver les mots qu’il fallait pour communiquer, dans le respect,  les préoccupations réelles et surtout les frustrations des communautés culturelles envers la Société d’État.
Un message vraisemblablement bien capté par Radio-Canada qui, à travers les membres de son personnel présents (cadres, animateurs, journalistes,  recherchistes), a clairement pris l’engagement de multiplier concrètement les ponts et de se servir des meilleurs canaux, dont les médias ethnoculturels, pour mieux refléter la diversité.
À l’issue de ces discussions très animées, plusieurs des participants à cette table-ronde n’ont pas caché leur satisfaction. Et l’initiative, et la teneur des échanges, ont été unanimement saluées par les différents panélistes qui ont volontairement accepté de livrer leurs impressions au micro de l’Agence de presse «Média Mosaïque».

La SRC, va-t-elle passer de la parole aux actes?
Optimistes, mais dubitatifs, les artisans de la presse ethnoculturelle se posent des questions. C’est le cas par exemple d’Henri Ngaka, présentateur de l’émission télévision «Paysage Afromonde». Si Ngaka accorde le bénéfice du doute aux initiateurs d’une telle démarche, il attend surtout la matérialisation de ces intentions qui doivent, selon lui, passer par « la présence de plus en plus de Noirs, de femmes ou de jeunes, bourrés de talents à la télévision de Radio-Canada».
Voeux exprimés également par Mario Corvitarte du journal «El Directorio Comercial». Ce dernier souhaite que «cette ouverture manifestée par Radio-Canada puisse se (traduire) dans la réalité». Abdou Zirat, du nouveau «M Magazine» de la communauté maghrébine, n’est pas d’un avis contraire. Positif, Zirat, qui estime que «Radio-Canada constitue un pouvoir», et les médias ethnoculturels, «un autre pouvoir», persiste à croire que ceux-ci peuvent se donner la main pour relever les différents défis exposés lors de ce face-à-face.

Les contenus «peu diversifiés» de la SRC mis à l'index
D’autres, à l’instar du rédacteur en chef du journal «Il Citadino Canadese» Victorio Giordano, ont applaudi cette fenêtre offerte par Radio-Canada et plaident pour que les contenus diffusés à l’antenne soient plus représentatifs de la réalité des communautés. M.Giordano révèle que les Italo-Montréalais sont quotidiennement frustrés de voir le traitement qui leur est réservé dans la presse québécoise en dépit de la contribution visible de leur communauté dans divers pans de l'économie québécoise.



Préoccupations similaires de la part de l’animateur de l'émission radiophonique «Samedi-Midi Inter (CKUT)». Raymond Laurent a plaidé pour qu’un média de service public comme la SRC puisse, à travers ses contenus et dans son personnel, enfin «refléter la mosaïque culturelle» du Québec. Le chef d'antenne de «Samedi-Midi Inter» , qui présente cette émission depuis 22 ans sur la même fréquence, a insisté sur le fait que les représentants des médias de la diversité y étaient, non pas pour défendre leurs intérêts, mais plutôt pour faire passer les doléances de chaque communauté.




Réactions à Radio-Canada
Le journaliste d’origine dominicaine de RDI, Alexis De Lancer, qui a fait un témoignage émouvant lors de cette rencontre, pense que son employeur doit embaucher davantage de minorités afin que Radio-Canada puisse se mettre démographiquement au diapason avec les statistiques qui prédisent que bientôt un (1) Canadien sur trois (3) sera né à l'étranger. Ainsi, croit De lancer, la Société d’État aura en son sein les réflexes naturels pour pouvoir mieux remplir son mandat de service public.
L'animateur de l’émission «Désautels» à la Première chaîne de Radio-Canada, retient, de son côté, que «beaucoup de choses en commun» ont été exprimées par «les représentants des communautés maghrébine, africaine, haïtienne, du sud-est asiatique». Si'il estime que la problématique de l'emploi demeure fondamentale, Michel Désautels admet cependant que «c’est important... (q')une image positive ... soit reflétée» à travers les contenus diffusés en ondes.
Des propos qui ne vont pas aux antipodes des vues exprimées par  la coorganisatrice de cette rencontre, Hélène Parent.  Dressant le bilan de la journée, la directrice de la «Diversité à l’antenne» et responsable du bureau de la Loi d'accès à l'information de la SRC, qui promet de mobiliser la boîte en ce sens, affirme avoir noté  que «les gens ont échangé clairement, très honnêtement, sur la réalité que chacun vivait... ».

Suivi de la rencontre du 24 septembre?
Abdelghani Dades, rédacteur en chef d’Atlas Média, émet le voeu, de son côté, qu’une telle table-ronde soit «la première mais pas la dernière rencontre d’une telle nature». M.Dades  pense «que cette réflexion (mérite d’) être alimentée, cultivée par d’autres rencontres du même genre». Un point de vue qui rejoint la pensée initiale du PDG de l’Agence de presse «Média Mosaïque», M.Donald Jean.
M.Jean, qui a coorganisé l'activité avec Radio-Canada, souhaite que la longévité de ce noyau de presse ne se circonscrive pas à la rencontre du 24 septembre. Tel est également le souhait de la responsable des Affectations (Information-TV) à Radio-Canada,  Micheline Fortin, douée pour son franc-parler lors de ces échanges.
Évoquant, pour sa part, la suite à donner à ces pourparlers «historiques», de l'avis même de Christian Martin du magazine «Carrefour des Opinions», la directrice de la «Diversité à l'antenne» de la SRC, Hélène Parent, visiblement confiante, tenait à rassurer ses interlocuteurs. «On a commencé un dialogue. Je ne pense pas qu’on puisse clore la journée d’aujourd’hui (24 septembre 2010). Moi je pense que c’est une journée qui ouvre sur autre chose. Donc, on est dans l’ouverture, d’actions qu’on va entreprendre et de collaboration», a promis Hélène Parent.
À noter qu’un échantillon représentatif de la presse ethnoculturelle, réunissant les médias portugais (Lusopresse), latinos (Nuevo Mundo TV, El Directorio Comercial), africains (Paysage Afromonde –CJNT-, Afrique Canada TV), haïtiens (CPAM, Samedi-Midi Inter-CKUT), sud-est asiatique (Bharat Times), maghrébins (Atlas Média, M Magazine), antillais (Carrefour des opinions), italien (Il Citadino Canadese), avaient pris part à ce tête-à-tête.

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