Le Nouvelliste | Publié le : 03 mars 2015
Après avoir été vertement critiqué, par l’opposition politique notamment, pour l’opacité avec laquelle les fonds PetroCaribe sont gérés, le gouvernement de la République d’Haïti a enfin réagi en publiant un volumineux rapport présentant, avec luxe de détails et surtout avec un nombre incalculables de photos, les résultats de tous les investissements réalisés avec ces fonds pour la période allant de mai 2011 à novembre 2014.
« La transformation d’Haïti à travers les grands travaux de reconstruction avec les Fonds PetroCaribe », c’est le titre de ce rapport de 232 pages publié par le gouvernement et qui date de décembre 2014. Ce rapport gouvernemental résume les interventions publiques entreprises par l’administration Martelly/Lamothe, à travers ce mécanisme, durant ces 31 derniers mois afin de jeter les bases de la refondation et de la transformation d’Haïti.
« Nous sommes fiers du travail accompli dans une période aussi courte et avec des ressources limitées », peut-on lire dans ce rapport qui indique tout de même qu’environ 1.2 milliard de dollars ont été mobilisés, dont 79.43% du montant a été décaissé, pour la réalisation de différents projets dans les domaines d’infrastructures, de santé, d’éducation, de sport et d’énergie. « Les projets que nous avons implémentés au cours de cette période touchent pratiquement toutes les régions du pays et même des zones reculées comme l’île de la Gonâve », précise ledit rapport.
Selon ce qui est dit dans ce rapport, les fonds PetroCaribe ont été perçus par les autorités haïtiennes comme une opportunité pour répondre rapidement aux défis conjoncturels et structurels auxquels Haïti faisait face au lendemain du séisme du 12 janvier 2010. Ce programme qui a démarré en septembre 2007, sous l’administration Préval/Alexis, constitue une source de crédit dont les termes de paiement sont parmi les plus avantageux pour l’État haïtien.
Dans ce contexte, l’argent provenant de ces Fonds a servi à financer certains projets de la politique générale de l’administration Martelly/Lamothe. Ainsi, pour mieux rendre compte des dépenses effectuées pour la période de 2011 à 2014, ce rapport a été divisé en quatre sections: la première présente les fonds PetroCaribe, leur mécanisme et une vue synoptique des différentes résolutions pour la période 2011 - 2014. Ensuite sont présentées dans les trois autres parties les résultats d'interventions sectorielles dans les trois axes de développement : territorial et économique, social et institutionnel.
Au total, un ensemble de 7 résolutions, pour la réalisation totale de 234 projets, couvrant la période de 2011 à 2014, ont été prises en conseil des ministres.
« Dans les résolutions de Petro Caribe, pour la période du 12 mai 2011 au 10 septembre 2014, une somme totale de plus de 907 millions de dollars a été budgétisée en faveur de l’axe de développement territorial et économique », informe le rapport gouvernemental.
De plus, les infrastructures ont reçu des fonds pour un montant de près de 512,8 millions dollars et les investissements dans l’agriculture s’élèvent à près de 38,4 millions dollars. Le secteur touristique a été budgétisé dans les différentes résolutions pour une enveloppe de 10,9 millions de dollars et a reçu 4 % du montant.
En ce qui a trait à l’axe de développement social, les principaux secteurs d’activité qui se rapportent à cet axe dans le cadre de ce programme sont l’éducation, la santé, le sport et la culture, les programmes sociaux incluant le logement.
« Sur l’ensemble des résolutions, de mai 2011 à septembre 2014, un montant de près de 230 millions dollars était budgétisé dont près de 78 % du montant ont été effectivement transférés aux comptes des projets relatifs à l’axe de développement social », signale le rapport qui précise que les investissements transférés à cet axe ont atteint plus de 179 millions dollars.
Le secteur de la construction de logements sociaux, les projets de relogement des sans-abri du séisme et initiatives connexes ont été budgétisés pour plus de 44 millions dollars dont 80 % sont transférés à ces projets.
Le Fonds d’assistance économique social (FAES) a été l'un des organes bénéficiaires des fonds sociaux dégagés du PetroCaribe. Sur cette période, 59 millions ont été transférés au FAES pour la mise en œuvre, sous la direction du ministère des Affaires sociales et du travail (MAST), des projets suivants, entre autres: ti manman cheri, kore peyizan, panye solidarite, kantin mobil, kore etidyan, etc.
Et enfin, une allocation de près de 63 844 444 dollars a été prévue pour les projets relatifs à l’axe de développement institutionnel dont plus de 33,3 millions dollars ont été absorbés. La Police Nationale d’Haïti (PNH) est la principale institution ayant reçu des fonds d’appui institutionnel pour le renforcement de sa capacité. Ces fonds ont permis, entre autres, l’amélioration des services de la sécurité routière, le renforcement des interventions du service des pompiers.
Quid de l’Accord PetroCaribe ?
L’Accord PetroCaribe a été signé le 14 mai 2006 avec le gouvernement vénézuélien.
Dans le cadre de cet accord, l’État haïtien bénéficie de facilités de paiement du Venezuela pour l’achat de gazoline, de diesel, de kérosène, de mazout et d’asphalte.
Une partie du montant facturé pour l’achat des produits pétroliers est payée « cash » alors que la balance est payable sur 25 ans, incluant 2 années de grâce avec 1 % d’intérêts annuels. C’est ce montant qui est utilisé pour financer des centaines de projets d’investissement à travers tous les départements du pays.
Le Bureau de Monétisation d’Aide au Développement (BMPAD) gère les fonds PetroCaribe qui sont déposés dans un compte local de la BNC et de la BRH. Le BMPAD, faisant l’interface entre PDVSA, la compagnie de pétrole vénézuélienne, et les compagnies locales, place les commandes des produits pétroliers, et les vend aux compagnies locales.
Patrick SAINT-PRE
sppatrick@lenouvelliste.com
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