Grand projet qui fait couler beaucoup d'encre, le parc industriel de Caracol dépasse ce stade. Maintenant le concret saute aux yeux. Les premiers entrepôts, les premiers bâtiments sont en voie d'achèvement, pour le bonheur de la population, qui a déjà sollicité avec CV à l'appui plus de 2 000 emplois. Visite au sein du plus grand parc industriel d'Haïti.
Haïti: Pierre par pierre et à une vitesse effrénée, le parc industriel de Caracol se construit seconde après seconde. Ingénieurs, soudeurs, maçons, contremaîtres, techniciens du matériel lourd travaillent chaque jour comme des fourmis pour défier le temps. Livrer l'ouvrage à temps est une obsession sur le chantier et dans les environs. Les premiers bâtiments du parc doivent être achevés avant avril. Les ateliers, l'entrepôt, le bloc administratif du premier locataire - la firme coréenne SAE-A - commencent à sortir de terre. Ils prennent forme chaque jour de mieux en mieux. Les ouvriers et les techniciens s'acharnent à peaufiner les travaux. Là-bas on parle déjà de finition.
Le chantier est vaste. 250 hectares de terrain bourrés d'arbustes de toutes sortes à certains endroits. On doit s'en débarrasser. Les camions, les chenilles, les pelleteuses font un va-et-vient sans arrêt. Pas d'excuses pour ne pas faire son travail. L'ordre et la discipline sont de rigueur. Dire que les mesures de sécurité sont strictes sur le chantier est un doux euphémisme. L'homme qui reçoit l'équipe du Nouvelliste est pointilleux sur ce qui doit être photographié ou filmé. Avant d'entrer dans les détails, il révèle son identité : Nicolas Stein, ingénieur civil, biologiste. On reconnaît immédiatement son accent québécois.
Nous ne devons rien faire sans l'autorisation de M. Stein, représentant du maître d'ouvrage délégué et aussi chef de mission de contrôle et de supervision du parc industriel de Caracol qui, décidément, dépasse les seuls intérêts d'Haïti. Le premier lot des travaux de la construction du parc avance indéniablement. C'est un fait. Du vrai. Pour preuve, pratiquement côte à côte, l'entrepôt, les bâtiments administratifs et les ateliers de la firme SAE-A viennent d'entrer dans une phase avancée. Continuer >
Un grand bâtiment attire l'attention du visiteur. Nicolas Stein explique qu'il fait 1 200 mètres carrés de surface. Il est couvert d'aluminium galvanisé (galvanum) et l'on superpose une matière spéciale en dessous pour isoler la chaleur, contrôler la température.Par intervalles réguliers des tôles transparentes permettent l'éclairage et l'économie d'énergie. « Ce parc doit être le plus vert possible », a insisté l'ingénieur biologiste avec une pointe de fierté pour sa contribution sur le chantier.
Tout autour, impossible de ne pas remarquer des hommes et des femmes qui font le va-et-vient dans tous les sens pour s'assurer que le travail de tous et de chacun est réalisé comme assigné, tel que prévu. Nous sommes arrivés sur un bloc appartement réservé aux cols blancs du parc. 48 chambres sont déjà construites et peintes. Les climatiseurs entreposés ici et là attendent d'être installés. A quelques pas un hall destiné à la restauration doit bientôt accueillir trois traiteurs. Ils doivent fournir à manger aux occupants du parc. A quelques mètres se trouve une unité de traitement d'eau potable qui doit produire quelque deux millions de mètres cubes d'eau potable par jour.
Sept kilomètres de routes sont en voie d'achèvement pour la première phase. Il est prévu d'en avoir des dizaines comme les nombreuses conduites d'eau. Partout on remarque des drains enfouis pour l'écoulement des eaux de pluie. Ces dernières seront séparées des eaux usées qui elles-mêmes doivent subir un traitement spécial avant d'être versées dans la rivière. Celui qui traverse la surface du parc industriel a l'air d'une vulgaire rigole durant notre passage. De l'autre côté de la rivière, à l'extrémité du terrain, se réalise également un ouvrage majeur pour le fonctionnement du parc : une centrale électrique de 20 mégawatts. De quoi alimenter toute la zone, voire au-delà.
Mme Ashley Dahlberg, experte environnementale, sociale, en santé et en sécurité, traverse le parc à bord d'une Land Rover. La jeune femme n'est pas sans intéresser sur les attentes de la population. L'Américaine, qui s'exprime en créole haïtien et en anglais, croit que le parc industriel de Caracol va changer la qualité de vie de la communauté environnante forte de 11 000 habitants. Mais petit à petit, la population s'accroît en attendant l'ouverture officielle de l'usine qui doit sans doute provoquer une migration de taille.
Plus de 2 000 demandes d'emplois ont déjà été reçues par les responsables. Les attentes de la population de Caracol et du grand Nord sont énormes en ce qui a trait à la création d'emplois. Les écoles professionnelles du Cap-Haïtien, du Nord n'hésitent pas à faire de la publicité en faisant allusion aux postes à pourvoir au parc industriel.
Dieudonné Joachim
djoachim@lenouvelliste.com
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