lundi 25 juin 2012

Haïti-France-Politique L’ambassadeur français refuse de serrer la main de Jean-Claude Duvalier


Ce rare incident diplomatique entre Didier Le Bret et l’ancien tyran s’est déroulé samedi, en présence de témoins, chez les frères de Saint-Louis de Gonzague, à l’occasion de l’anniversaire de la fondation de cette école congréganiste phare
Publié le samedi 23 juin 2012
Jean-Claude Duvalier a été samedi au centre d’un incident diplomatique chez les frères de l’instruction chrétienne Saint-Louis de Gonzague où l’ancien dictateur s’est vu refuser la poignée de main qu’il voulait échanger avec l’ambassadeur de France, Didier Le Bret, a rapporté un témoin privilégié à Radio Kiskeya.
Cette scène s’est produite dans l’enceinte de l’établissement congréganiste lors de la cérémonie commémorative de son 122e anniversaire qui coïncidait avec les cinquante ans de vie religieuse du frère Serge Larose, ancien responsable de l’institution.
Présent dans l’assistance, le professeur d’histoire Josué Agénor Cadet précise que le diplomate français ne s’est pas contenté de réagir négativement à la demande de M. Duvalier de lui serrer la main. Il s’est automatiquement retiré pour se trouver une autre place, loin du visiteur encombrant qui s’apprêtait à s’asseoir à côté de lui.
Outre l’intéressé, divers anciens saint-louisiens devenus des personnalités et appartenant aux différentes promotions de 1934 à 2012 assistaient, dans la chapelle, à la cérémonie, parmi eux l’ex-Président général Prosper Avril.
Il s’agit du deuxième geste symbolique d’hostilité posé en quelques jours à l’encontre de l’ancien Président à vie (1971-1986), rentré au pays en 2011 de façon incompréhensible après un exil de 25 ans en France. La semaine dernière, le célèbre poète Anthony Phelps avait mis en avant l’impunité scandaleuse dont jouit l’homme pour rejeter une distinction que lui avait décernée le Président Michel Martelly ainsi qu’à plusieurs autres grands représentants de la littérature haïtienne contemporaine.
Circulant partout au volant de sa voiture, accompagné d’une escorte policière, l’ancien autocrate a été directement associé au projet de « réconciliation nationale » du chef de l’Etat malgré les graves accusations de crimes contre l’humanité, corruption et détournement de fonds publics portées contre lui.
Depuis l’ordonnance contestée rendue en janvier dernier par le juge instructeur Carvès Jean en faveur de Jean-Claude Duvalier, la procédure judiciaire engagée est pratiquement bloquée et il semble de moins en moins probable que l’ex-maître de Port-au-Prince soit jugé un jour pour les innombrables crimes de sang de son régime. spp/Radio Kiskeya

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