Le premier ministre haïtien démissionnaire Jean-Max Bellerive.
PHOTO: ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
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Clarens Renois
Agence France-Presse
Port-au-Prince
La cohabitation entre un président populaire et un parlement contrôlé par l'opposition est un système «trop sophistiqué» pour Haïti, juge le premier ministre haïtien démissionnaire Jean-Max Bellerive dans un entretien à l'AFP commentant la crise politique.
«La cohabitation est trop sophistiquée pour Haïti (...) ce système correspond aux pays qui ont déjà des partis politiques organisés et forts», estime M. Bellerive dans cette interview réalisée samedi.
«La démocratie est en construction en Haïti. Ici on travaille sans filet, chaque jour il faut inventer cette démocratie» et traiter «des problèmes cuisants de développement, les conséquences du tremblement de terre, le choléra. Il y a des défis majeurs», note le premier ministre, dont le gouvernement expédie les affaires courantes.
La désignation d'un nouveau premier ministre est actuellement suspendue aux négociations en cours entre le camp présidentiel et les multiples groupes du Parlement.
Près de quatre mois après son investiture à la présidence d'Haïti, le 14 mai, l'ex-chanteur populaire Michel Martelly, largement élu, n'a pas encore réussi à mettre en place un gouvernement alors que le nouveau chef d'État a proposé à deux reprises un premier ministre rejeté à chaque fois par le Parlement dominé par l'opposition.
M. Bellerive appelle la communauté internationale à faire preuve de patience et à «comprendre Haïti».
«Le président Martelly est arrivé sans appui politique au Parlement (il n'a que 2 élus de son parti), il faut donc un dialogue avec les groupes parlementaires», insiste M. Bellerive, qui estime «pénible de gérer les affaires courantes depuis quatre mois».
«C'est compliqué d'agir avec cohérence et de préparer l'avenir, car il y a un problème de coordination avec la nouvelle présidence. On n'a eu que deux conseils des ministres depuis quatre mois», regrette M. Bellerive, qui ne souhaite pas être reconduit comme premier ministre.
«Quand je regarde le profil des personnes qui ont été déjà choisies par le président Martelly, sur une échelle européenne elles sont beaucoup plus à droite que moi. Cela correspondrait à une vision beaucoup plus à droite du président que ce que je représente», a déclaré M. Bellerive.
Selon des sources parlementaires, Michel Martelly envisagerait de nommer un fonctionnaire de l'ONU, Garry Conille, comme nouveau premier ministre. Avant d'officialiser son choix, le président tenterait de bâtir une majorité susceptible de le ratifier au Parlement.
M. Conille, un médecin de 45 ans, a été diplômé en Haïti avant d'être formé à l'administration aux États-Unis. Il est chef de cabinet de l'ex-président Clinton, représentant spécial en Haïti du secrétaire général de l'ONU.
Il vient d'être nommé représentant résident du Programme de l'ONU pour le Développement (PNUD) au Niger.
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